15 novembre 2024

Le commercial du cabinet de conseil

 


En fin de matinée, j’ai rendez-vous (professionnellement et téléphoniquement) avec le commercial (je suppose) d’un cabinet de conseil ou d’une société informatique. Ces braves gens sont très doués pour obtenir des rendez-vous, bien plus que les pue-la-sueur qui nous harcèlent au téléphone pour vendre des changements de robinets de radiateurs, des abonnements téléphoniques et j’en passe.

La technique est simple : ils vous envoient un mail pour solliciter une conversation. Généralement, vous ne répondez pas (avec l’âge, vous considérez cela comme du spam, à juste titre, mais « vous » avez été consultant et vous comprenez les difficultés des commerciaux ce qui fait que, les premières fois, vous restez aimables, d’autant que, pour ma part, je suis resté très pote avec celui qui m’a eu « en responsabilité » de 1996 à 2006).

La personne finit par vous relancer avec quelque chose, dans le mail, qui vous fait comprendre qu’il ne mérite pas votre mépris (ce qui est bien vrai) et vous finissez par bredouiller une réponse, par exemple : « vous savez, nous avons un vivier de cabinets agréés et, en outre, à mon niveau, je ne suis pas du tout décideur. » Vous êtes persuadé que le type va se rendre compte que ses propos n’auront aucun succès commercial.

Néanmoins, il insiste : « ça n’empêche pas que nous pourrions envisager un rendez-vous d’une demi-heure, je pourrai vous présenter la société et vous pourrez me parler de vos activités. » Il vous donne donc de l’importance et, au fond, vous n’avez pas vraiment de raison de refuser cette conversation sauf si vous êtes vraiment débordés…

 

Mais vous n’êtes pas débordé et il le sait ! D’ailleurs, s’il vous contacte (on se demande bien comment il a eu vos coordonnées), c’est parce qu’il n’a pas réussi à obtenir gain de cause auprès d’un collègue mieux placé dans la hiérarchie qui, lui, serait réellement dans le jus, ayant plusieurs projets à gérer alors que, pour vous, c’est tout de même une distraction de papoter avec un lascar. Et il vous a mis en avant. Il vous fait croire qu’il vous prend pour un décideur, voire qu’il ne vous croit pas quand vous démentez !

En fait, on sait comment il a eu vos coordonnées : il les a obtenus d’un type qui, comme vous, ne sait pas comment se dépatouiller avec ces andouilles. Il aura dit quelque chose comme : « Mais contactez donc M. Jégou, il est lui-même l’adjoint de Madame Machin et est au cœur de la gestion des projets ». Notre commercial n’a pas d’autre choix que de faire semblant d’être dupe. Ou alors, c’est un lapin de six semaines et il le croit réellement, il ne voit pas le jeu du petit management qui renvoie les patates. De toute manière, il tient un nouveau point d’entrée et un prétexte pour vous faire mousser. Il vous fait croire, insidieusement, qu’il « sait » que vous êtes plus important que vous ne semblez le dire…

 

Mon lascar de ce midi n’aura rien de ma part. Le seul bénéfice que je vais en tirer est que je vais faire ma toilette avant de lui parler, au cas où nous activerions la caméra, ce qui serait la moindre des choses, et que j’en profiterai pour me raser, ce que je n’ai pas fait depuis mi-août ! Généralement, je prends une douche vite-fait avant d’aller au bistro le soir…

Il n’aura rien de ma part parce que je suis trop vieux, voire trop proche de la retraite, pour avoir la moindre complicité nouvelle avec un inconnu dont l’entreprise n’est pas référencée comme un de nos sous-traitants. En outre, je lui ai dit, dans un mail, que je n’avais aucune information à lui communiquer et que je ne suis pas décideur. Oralement, je pourrai préciser mes propos, sans avoir à mentir : depuis le Covid, je suis beaucoup en télétravail et j’ai été longtemps malades (trois ou quatre périodes d’un ou deux mois) et je suis déconnecté de la vie du bureau.

Je vais quand même le faire parler. Je suis un garçon poli et compréhensif. Ainsi, alors qu’il s’imagine me manipuler, il ne se doutera pas que je lui renvoie bien la balle… Je vais même lui raconter que j’ai été « consultant manager », à une époque, et que j’ai eu, aussi, beaucoup de mal à avoir des contacts commerciaux qu’un hiérarchie abrutie m’obligeait à avoir (vraiment abrutie, je rapportais du pognon à la boîte par mon boulot de consultant facturé entre 750 et 120à euros par jour selon les clients qui, à peu près tous, en redemandaient et, pas du tout, en me recrutant de nouveaux contrats… Mais mon salaire était indexé en fonction du nombre de jours que je pouvais vendre : j’ai fini par démissionner pour prendre un poste chez un client, en faisant le même boulot, avec le même salaire, mais sans emmerdements).

 

De toute manière, ça va lui permettre de roder son discours. Ces braves aiment bien présenter leurs entreprises, leurs secteurs d’activité, certaines prestations faites. Il ressortira donc un peu déçu mais avec le sentiment, tout de même, avoir un peu progressé. J’ai bon fond. Et il aura l’impression d’avoir un allié car il saura que j’ai eu des responsabilités dans un cabinet de conseil (sans savoir que j’ai fui, ne gagnant pas assez d’oseille).

 

Ce qu’il ne sait pas, c’est que j’aurai l’œil rivé à mon horloge pour être sûr que le plat que je vais mijoter (des pommes de terre au chorizo) ne soit pas trop cuit alors que je le laisserai sans surveillance.

14 novembre 2024

Vive les pompes à chaleur (air - eau pour ce qui me concerne) !


 

Après mes deux mois d’hospitalisation, je suis revenu en Bretagne et j’ai « évidemment » commencé par mettre en route ma pompe à chaleur (PAC). J’en avais beaucoup parlé dans ce blog et dans un autre. Notamment, dans ce billet, j’avais expliqué le fonctionnement de ces machins qui ont été très à la mode mais dont la production, après avoir explosé il y a deux ou trois ans, est en chute libre.

Je vais résumer mes propos d’aujourd’hui, pour commencer, contrairement à mes habitudes. J’ai mis le machin en mode « hiver » jeudi dernier alors que la température dans la maison était de l’ordre de douze degrés. Le soir, c’était remonté à dix-sept et, le surlendemain, nous étions à vingt !

Autant dire que le résultat est très satisfaisant ! Il faut évidemment reconnaitre que la température extérieure n’est pas descendue en dessous de cinq. J’ai néanmoins différents indices qui me poussent à l’optimisme et, en fin de compte, s’il faut que je mette en route des chauffages d’appoint 10 jours par an, en Centre Bretagne où ça ne caille jamais vraiment, ce n’est pas dramatique !

 

Pour l’anecdote, parmi ces indices, il y en a deux notables. Le premier est que les fenêtres d’une chambre sont restées ouvertes pendant vingt-quatre heures ce qui n’a pas empêché la température de remonter (j’ai essayé de mener l’enquête pour savoir pourquoi elles n’étaient pas fermées et les personnes susceptibles d’être « responsables » nient en bloc… Je suppose tout simplement que je suis le seul fautif. Au fond, ouvrir une fenêtre en été n’est pas exceptionnel surtout dans une pièce où dormait un chat ! Les volets de la pièce sont hors service et restent fermés, il a fallu une série de hasard pour que je découvre l’abomination).

Le deuxième est quand je règle le chauffage sur vingt, il fait vingt dans toutes les pièces. Quand je le baisse à dix-neuf, cela descend à dix-sept dans les pièces au nord. C’est anecdotique, aussi (c’est sans doute lié à la forme de la maison et à une sorte de point d’équilibre par rapport à l’endroit où est le thermostat). En revanche, j’ai essayé de chauffer plus : rien à faire. Tant pis ! C’était uniquement pour un test…

 

Pour ce qui concerne le coût de la PAC, l’article que je cite évoque un coût entre quatorze et dix-huit mille euros, soit, en gros, quatre fois plus qu’une chaudière à fuel. Pour ma part, j’ai payé dix-huit mille, à peu près, mais avec les travaux qui n’étaient pas négligeables vu que la PAC remplaçait une chaudière au fuel et deux ballons d’eau chaude : il a donc fallu faire des travaux de tuyauterie. Ce prix important est en partie expliqué par le fait que la maison est assez grande (environ cent-cinquante mètres carrés à chauffer).

Côté bénéfices, il y a d’abord un coût de fonctionnement à peu près du tiers des autres systèmes. Je ne suis pas sûr que cela permette d’amortir le machin avant une dizaine d’années… Le prix de maintenance est assez faible dans la mesure où il n’a pas de « système de combustion » ce qui me permet, d’ailleurs, de le laisser en route en permanence, y compris pendant mes longues absences.

 

La production de PAC est en chute libre. L’article que je citais évoque différentes raisons. Je pense qu’il y en a d’autres, comme la baisse du prix du fuel et du gaz et l’arrêt des craintes quant à celui de l’électricité. En outre, les maisons neuves sont particulièrement bien isolées : les dépenses mensuelles importent peu aux potentiels clients. Par ailleurs, j’ai l’impression que les petits chauffagistes ne sont pas vraiment moteurs, d’autant qu’ils ne sont pas formés et sont perdu devant l’offre pléthorique. Peut-être ont-ils peur quant à leur capacité à assurer la maintenance ? Enfin, politiquement, je suis opposé aux aides d’Etat (nos impôts ne sont pas là pour aider les propriétaires !) mais, surtout, je pense qu’elles ne sont pas du tout efficaces.

Concrètement, je ne me suis pas posé de questions compliquées au moment de mon choix (je n’ai pas « le gaz de ville », le bois est trop chiant compte tenu de mes absences, le fioul est clairement obsolète et j’en ai assez chié avec mes précédentes chaudières ; il ne me restait plus que deux options, en plus de la PAC, des radiateurs électriques ou un chauffage central électrique).

 

Une des difficultés des pompes à chaleur est la complexité de la chose… Je le disais dans le billet que je citais. On utilise des mots compliqués, comme « thermodynamisme » ou « aérothermie ». En fait, on a du mal à conceptualiser la chose. Avec un système à fioul ou à gaz, on imagine bien une flemme qui chauffe de l’eau. Avec un truc électrique, on imagine la résistance entrer en action. Mais la PAC ? L’engin va pomper des calories à trois degrés (ou dans le sol ou dans de l’eau), condenser cette énergie et fournir de l’eau (ou de l’air) à une température élevée. Comment avoir confiance dans ces trucs ?

Franchement, si mon voisin d’en face n’avait pas choisi un tel système, je crois que je ne me serai jamais intéressé à la question. J’étais surtout persuadé que les pompes à chaleur étaient toutes « géothermiques », à savoir qu’il fallait creuser dans le jardin et mettre des tuyaux assez profonds pour capter la chaleur de « couches » plus ou moins profondes dans le sol (ce qui était une belle connerie, d’ailleurs, les tuyaux ne sont pas « profonds »).

 

Je vais donner quelques conseils… Tout d’abord, faites appel à un spécialiste, pas au chauffagiste du coin. Vous devez choisir le représentant d’une grande marque, avec des employés qui travaillent sur des modèles similaires. Je sais qu’il y a des inconvénients, qu’on aime bien un type de la commune avec lequel on bosse tout le temps, qui est disponible pour les réparations et tout ça. Ensuite, ne vous embêtez pas avec des devis, des comparaisons… Les prix sont similaires et les devis ne permettent pas d’évaluer la compétence des lascars.

Le conseil suivant sera d’avoir confiance dans les systèmes modernes. Par exemple, j’ai tenté de chauffer la maison à vingt-quatre degrés (uniquement pour tester). Cela ne fonctionne pas. Du temps de ma jeunesse, avec les vieilles chaudières au fuel, on arrivait à avoir des radiateurs si chauds qu’on ne pouvait pas y toucher et la température, dans la maison, montait parfois à des niveaux incroyables. Ma mère était un peu restée sur ce principe et passait une partie de son temps à régler les radiateurs et la chaudière, qu’elle coupait quand elle n’était pas là ou quand elle avait réussi à avoir la température idéale. Ce monde est révolu, en partie grâce aux progrès de l’isolation mais aussi de l’électronique et de tous ces machins.

Mon thermostat est réglé sur vingt. Il fait vingt dans toutes les pièces (sauf le bureau, avec sa baie vitrée plein sud, où l’on monte à vingt-trois). J’ai pu couper les radiateurs dans toutes les chambres sauf une.

 

Ayez confiance.

01 novembre 2024

Billet à relents nauséabonds (et honteux)

 


Mon ancien coloc parlait souvent des diurétiques que lui faisaient prendre les toubibs et s’excusait du fait d’aller aux toilettes plusieurs fois par nuit. Je comprenais son problème car je me lève plusieurs fois « pendant mon sommeil » pour vider le trop plein. C’est à cause de la bière. Je peux enfiler sept ou huit pintes sans pisser mais, à partir du moment où je commence, je n’arrête plus.

Cela étant, j’ignore totalement ce qu’il pouvait prendre comme médicament mais, pour ma part, ma fréquentation de l’hôpital n’a rien changé à ma fréquence d’urinationnage… Ce con n’a jamais réussi à comprendre que nous n’avions pas la même maladie (et surtout que mon cœur allait très bien) et donc, par exemple, que je n’avais pas besoin d’un régime sans sel…

 

Toujours est-il que j’ai repris le travail lundi, en télétravail. Ma première visite au bureau était mardi. Par miracle, et je l’ai raconté dans Facebook, j’ai pensé à prendre mes bretelles. C’est indispensable pour aller à la cantine : quand je porte le plateau, je n’ai aucune main disponible pour tenir mon pantalon. En fait, ça fait quatre mois que je me promenais sans dispositif particulier pour empêcher mon futal de choir (mes bretelles ont rendu l’âme peu de temps avant mon dernier départ pour la Bretagne et j’avais toujours eu la flemme de déballer les neuves).

Toujours est-il que, ainsi sécurisé, j’ai pu affronter de nouveau la vraie vie.

 

En revanche, pendant tout l’été, j’ai pris une mauvaise habitude : celle de ne plus ouvrir ma braguette pour aller aux toilettes mais de faire passer le machin par-dessus le pantalon, tant il était facile de baisser un petit peu ce dernier.

Vous me suivez ? Je ne vais pas vous montrer une photo, non plus !

 

Ma journée de mardi s’est bien passée. Mais il a fallu que je tire fort pour permettre au truc de passer sur la « ceinture » vu que j’avais oublié la technique ancestrale du baissage de fermeture éclair.

Hier après-midi, par contre, ça a été plus compliqué… J’avais une réunion et je me suis retenu. Par contre, j’étais pressé (nous étions la veille d’un week-end prolongé et je tenais à prendre mon taxi de bonne heure pour ne pas arriver à 19 heures à la maison). A la fin de celle-ci, j’avais deux ou trois bricoles à faire mais mon envie est devenue de plus en plus pressante. Les toilettes sont proches de la sortie mais assez loin de mon bureau. J’ai remballé rapidement mon PC et j’ai couru.

Pour arriver trop tard. J’ai commencé la vidange avant de commencer le déshabillage de rigueur. Pas beaucoup. Quelques secondes. Mais ça suffit à tacher le falsard.

En attendant le taxi, j’ai réussi à cacher l’endroit souillé en positionnant devant ma pochette d’ordinateur. Les passants m’ont probablement pris pour une espèce de taré. Finalement, j’ai pu partir et oublier l’incident.

 

Hé ho ! Je sais que c’est dégueulasse de raconter ça dans un blog mais ne me dites pas que ce genre de bricole ne vous ai jamais arrivée ! Genre la dernière goute mal essuyée alors que vous avez un pantalon beige ? Ou le pet foireux qui vous oblige à prendre des mesures d’urgence ? Ou l’éternuement idiot qui déclenche des sécrétions nasales et votre mouchoir qui reste introuvable ?

 

Le soir, à la fermeture du bistro, nous discutions avec le jeune serveur et Odette. Nous étions les derniers clients à part un petit groupe, en salle, qui avait « réservé jusqu’à 22h30 ». On parlait de choses et d’autres. A un moment, je me suis foutu de la gueule de sa coiffure et lui ai demandé si c’était pour simplifier les shampoings qu’il s’était rasé la nuque. Il m’a alors dit, pour rigoler, que je ne me lavais jamais et nous avons continué à nous chambrer pendant quelques minutes.

A un moment, il me dit « tu pues ».

C’est alors que je me suis rendu compte qu’il n’avait pas entièrement tort. Mon pantalon avait séché mais je ne l’avais pas encore changé, pris dans ma routine à boire des pintes en descendant du taxi.

24 octobre 2024

Maigrichonne fin de séjour

 


Il y a tout de même deux ou trois choses à noter avant que je ne quitte définitivement (j’espère) cet hôpital (ce qui semble bien parti). Tout d’abord, je suis officiellement à classer, depuis hier, dans la catégorie des maigrichons puisque je fais officiellement dorénavant moins de 130 kg (j’étais monté à 151 en 2021 et j’avais approché les 150 il y a deux mois).

Pourvu que ça dure… Et que je perde encore un peu… Je ne sais pas comment je vais faire. Il est évident que la perte de poids est liée au sport et à l’alimentation. Pour le sport, j’ai pris la résolution de faire des efforts. Peut-être pas grand-chose mais au moins aller au bistro à pied, à Loudéac, et, à Bicêtre, aller en marchant jusqu'à un métro plus loin (place d’Italie est à 40 minutes de chez moi, au fond).

Côté alimentation, j’ai vu un reportage (sur TikTok…) qui disait que les deux aliments qui font le plus grossir sont, dans l’ordre, la bière et les pommes de terre. Je suis mal. Pour la bière, on savait que cela faisait grossir. Pour les patates, je pensais que c’était plutôt le mode de préparation qui était en cause. En fait, non ! Quand je bouffe des pommes de terre au beurre, ce n’est pas le beurre qui me descend dans la bedaine mais les valeureux tubercules. En fait, si j’ai bien compris, il y a un machin dans ces trucs qui fait que les glucides et les lipides qu’ils contiennent, voire d’autres trucs, s’accumulent sous forme de gras dans le bide.

Certes, j’ai toujours conchié la diététique vu que c’est probablement une science exacte… mais les principes changent fréquemment. Par exemple, vous savez ce que serait le meilleur petit déjeuner ? Rien (à part du café)… Tout le reste va provoquer un néfaste pic de glycémie quelques heures après. Or ça fait près de 30 ans que je déjeune très peu le matin (sauf quand je suis en Bretagne). Il ne faut manger que si vous avez une activité physique.

A force de regarder des conneries avec l’iPhone, je vais devenir un spécialiste. Et passer au Ricard et ne mettre que quelques trucs verts pour accompagner mes steaks qui devraient remonter à 200 grammes. Quand je pense que je m’étais limité et que je composais en patates (ou presque)…

 

Également à noter que j’ai eu la confirmation, hier, que mon nouveau (et bientôt ex) colocataire est Malgache et non Chinois ou assimilé comme je le croyais, malgré une suspicion à cause de son nom de famille. Une de ses aïeules a dû fauter… Et il n’a pas hérité que des traits mais aussi du caractère (il parle très peu alors que les Malgaches que je connais, notamment au bureau, sont très loquaces). On dirait un patron de bistro chinois qui fait la conversation uniquement quand on lui adresse la parole ou presque.

Le bonheur.

 

A propos de coloc, il a vraiment plein de différences avec le précédent. Par exemple, sa « moitié » de chambre est toujours parfaitement rangée (je ne suis pas un fan de l’ordre mais il y a tout de même quelques limites que l’autre abruti franchissait tout le temps, entassant des sacs de supermarchés avec un tas de conneries dedans, réservant son armoire aux fringues). Il tolère que j’ouvre le paravent entre nos lits pendant la journée (c’était ballot d’avoir une chambre plein sud et jamais le soleil). Il ne ferme pas les stores. Il ouvre la fenêtre dès qu’il est levé et pas dès que ça pue trop et que ça dérange les femmes de service.

Et il a un iPhone.

 

J’ai commencé à saluer le personnel (les « soignants » et les « rééducateurs ») avec qui j’ai commencé à sympathiser. La plupart m’aiment bien, je crois. Je dois être moins chiant que les autres et surtout beaucoup plus drôle.

J’ai bien fait rire une « animatrice » en la saluant. Elle me disait « et surtout, marchez beaucoup ». J’ai répondu, évidemment : « oui, j’irai à pied au bistro ».


Je me disais aussi que mon Chinois était bien bronzé...

22 octobre 2024

Perception du nouveau coloc !



Je dois avouer que, tout le week-end, j’ai été hanté par le coloc ! Je ne faisais pas des cauchemars mais un tas de détails me faisaient penser à lui. C’est amusant comment j’ai pu m’en foutre ou, du moins, être amusé par ce taré pendant plus de deux semaines et et craquer un ou deux jours avant la fin ! Peut-être une conséquence de son comportement suite au cambriolage ?

Toujours est-il que, malgré les promesses des soignants, j’avais un peu des nœuds dans le ventre en arrivant lundi, pour la dernière semaine, mais un nouveau est arrivé et l’infirmière nous a présenté. Un jeune asiatique à première vue, sans doute mauvaise, d’ailleurs, vu que son nom (et il est assez « foncé », sans avoir le noir de ceux que je connais) de famille est d’origine malgache et qu’il a quarante-quatre ans.
Son origine ethnique a peu d’intérêt et il hors de question que je lui pose des questions d’autant qu’il habite possiblement depuis plus longtemps que moi dans le 94. Et je vais pouvoir faire des jeux de mots avec coloc et chinetoque, lui demander s’il est arrivé à pied et espérer qu’il tienne un bar tabac.
Le fait qu’il soit jeune est plus intéressant. Au moins visuellement : il a des sous-vêtements normaux ce qui me change de l’autre crevure et j’avais un peur de devoir me coltiner un vieux crabe tel qu’on voit ici…
En outre, sa jeunesse relative et son origine potentielle fait qu’il n’est pas bavard. En deux jours, nous avons eu deux ou trois conversations et ça suffit largement.
Un ours, moi ?

Ce matin, j’étais en forme pendant le vélo ! Je n’avais jamais eu une telle puissance, pedale aussi vite et eu un rythme cardiaque raisonnable ! Par contre, en sortant, j’ai chopé un gros rhume. J’espère que je ne vais pas avoir une fièvre qui pourrait pousser le médecin à me garder. Pendant la gymnastique, j’étais en forme et pendant la musculation, je petais le feu au point où j’ai fait un exercice de plus que d’habitude. J’avais une bonne fatigue, comme on dit, amplifiée par le rhume. À l’issue, je n’avais qu’une seule envie : faire la sieste. En rentrant dans la chambre, j’ai vu le colchinetoc assis torse nul dans son fauteuil avec une jeune femme, son épouse, je suppose, qui lui massait le crâne !
J’ai manqué d’état d’esprit. J’aurais dû aller en salle de repos et les laisser seuls mais je me suis affalé sur mon pieu. Dix minutes après, il est sorti de la chambre, rhabillé, avec une serviette de bain, comme s’il allait prendre une douche. Il était suivi par la dame.
Qu’ont-ils fait ?

À part ça, le toubib a confirmé qu’il allait organiser ma sortie pour la fin de semaine. Et autre type de mon groupe de sport part demain et je serai le plus ancien.
Mais pas le plus vieux.

 

Après ma sieste… et leur retour de la douche, je suis allé faire mon petit tour (le distributeur de boissons est HS : tant pis pour mon Orangina), j’ai rédigé ce texte puis suis revenu dans la chambre pour les médicaments du soir et la mise et en place et la publication de ce billet.

La jeune femme était partie et mon lascar dormait, comme un bienheureux, bien emmitouflé dans sa literie. 

18 octobre 2024

Débarrassé du coloc !

 


C’est un grand jour ! Je suis, à nouveau, en permission. La dernière avant la libération définitive. Surtout, mon coloc, l’imbécile qui a partagé ma chambre pendant trois semaines et m’a pourri la vie, quitte définitivement l’hôpital de semaine. Franchement, on a bien l’impression qu’il a été viré. Plus personne ne pouvait réellement le sentir.

Je vais raconter deux détails de notre vie (mais je pourrais y consacrer des pages et des pages de blog). Les deux ont un rapport avec ce qui a pu changer chez lui depuis qu’on vit dans la même chambre. Tout d’abord, je me promène souvent en sous-vêtements alors que lui était toujours soit habillé normalement soit en pyjama. Au bout de quelques jours, il a commencé à faire comme moi. Va savoir pourquoi. La première différence est qu’il a un slip et un maillot de corps blancs alors que j’ai toujours un caleçon ou un boxer et un vrai tee-shirt. La deuxième est que je dors dans cette tenue alors que, comme je le disais, il a un « vêtement de nuit » (donc pour se mettre en sous-vêtements, il est obligé de se « changer » alors que, chez moi, c’est plus, heu…, naturel). La troisième est que dès la fin du petit déjeuner je mets un pantalon ou un short et je ne l’enlève (à part pour la douche) qu’au moment de me coucher. Seul un type qui loge dans la même chambre que moi peut me voir en petite tenue. C’est donc mon coloc et, parfois, une infirmière qui vient déposer des médicaments ou la femme de ménage qui vient pendant le petit déjeuner.

Donc voila, nous avons un type qui a commencé à trouver normal de ne pas être totalement habillé. Par exemple, il rentre du sport et se met en slip pour « se détendre ».

Le deuxième est qu’à force de me fréquenter, il est devenu poli. Quand je suis arrivé, il ne disait jamais merci aux gens qui passaient par là, déposer un plateau repas, faire des lits… Moi, j’ai toujours la bonne formule, bonjour, merci, bonne journée… Il a commencé à faire pareil ce qui m’amusait surtout que son vocabulaire manque d’entrainement. Par exemple, pour le petit déjeuner, je demande un café au lait. Il demande un café noir et ajoute systématiquement (réellement, hein, ça ne s’invente pas) : « et le sucre vous pouvez le garder ».

Moi, j’ai vite compris que les plateaux étaient préparés à l’avance avec une étiquette avec ce à quoi le patient à droit, selon son régime alimentaire. Il y avait juste un bol vide rempli au moment du service. Il n’a pas réussi à se mettre ça dans le crâne. Donc, le sucre est là. Point. Donc son « et le sucre vous pouvez le garder » est totalement inutile (et chiant, dans la pratique, il faudrait qu’elles l’enlèvent du plateau) et sonne comme « et le sucre, vous pouvez vous le mettre au cul ».

Une dernière dans la même ligne : tous les midis, juste après avoir servi le déjeuner, une aide-soignante passe pour demander si on veut un café ou un thé. Ma réponse est généralement « oui, un café s’il vous plait, sans sucre. » Lui : « non, mais je veux bien un jus d’orange ». Ca a duré trois semaines : il n’a pas compris qu’on ne distribuait pas de jus d’orange à 12h30.

 

Pendant ces trois semaines, je vous ai raconté certaines anecdotes et vous aurez compris qu’il est exaspérant. Par exemple, il pisse toujours debout la porte ouverte en visant le centre du bac, de manière à faire un maximum de bruit. Le problème est qu’il y va toujours un peu après que le déjeuner soit servi et que ma table est juste à côté de la porte. Je peux vous dire que j’ai toujours eu l’écho en mangeant mes carottes râpées ! J’ajoute qu’il commence toujours par tirer la chasse avant de pisser et recommence un fois ou deux après. C’est horripilant. Une fois, il m’a engueulé parce que je ne tirais pas toujours la chasse après avoir uriné (je plaide coupable, c’est une vieille habitude que j’ai, dans « mes chiottes », pour éviter le bruit et pour économiser l’eau). Une fois, il m’a expliqué que cela puait trop. De la part d’un type qui a toujours de la bouffe qui provient de chez lui, surtout des condiments, comme le vinaigre (ça pue, tout de même), ça m’avait aussi exaspéré… Dès fois, dans la journée, il va vers les toilettes et ouvre la porte, ou la ferme, ou les deux. Je n’ai pas compris. D’autres fois, c’est vers la porte d’entrée de la chambre qu’il va. Il se met devant puis fait demi-tour. Ou va dans le couloir et revient deux minutes après. J’ai bien une hypothèse (c’est une solution pour se rapprocher de moi et voir ce que je fais mais, en fin de compte, je me demande s’il n’est pas tout simplement fou).

Pendant les repas, j’ai souvent fini de manger avant qu’il ait commencé à manger son plat. Certes, je mange vite… Mais il se lève plusieurs fois, va jusqu’à la petite table où il range ses affaires et prend quelque chose ou vient voir ce que j’ai dans mon assiette. Je ne sais pas. Ceux qui me connaissent savent, par ailleurs, que j’aime bien faire la sieste dès la fin du repas. Quand je mange seul, au restaurant, il m’arrive de faire un roupillon, sur place. Dans la chambre, je ne peux pas : je ne supporte plus ses petits bruits de mastication, ses odeurs… Il faut que je sorte et aille fumer une cigarette et marcher un peu pendant un bon quart d’heure pour oublier le laisser se calmer.

Quand on est dans des salles d’exercice (vélo, gymnastique, musculation), il lui arrive d’entrer (on n’est pas dans le même groupe), de faire un vague tour et de ressortir (je ne suis pas le seul que ça énerve…).

Vous comprenez le nombre de pages que je pourrais remplir. Le fait qu’il pète souvent, par exemple (tout le monde pète mais on le fait sans bruit… et sans odeur), y compris en pissant… Je ne l’ai jamais vu sortir de la chambre avec une serviette pour aller prendre une douche. Je ne l’ai jamais vu assez longtemps dans les toilettes pour chier. Je n’ai entendu qu’une seule fois sa brosse à dents électrique (je m’en fous, je ne suis pas un virtuose de l’hygiène dentaire, c’est presque amusant, c’est l’absence de bruit qui me gênait…).

 

Enfin, il a un défaut avoué à l’avance, quant à lui. Toutes les nuits, vers 4 ou 5 heures, il se réveille avec la bouche très sèche et est obligé d’aller faire des gargarismes dans la salle de bain, pendant une dizaine de minutes. Dès le premier jour, il avait présenté ses excuses et je dois avouer que, au bout de deux bonnes semaines (sur trois), je m’étais habitués, ça ne me dérangeait plus. Pourtant, il faut reconnaitre que c’est un bruit immonde. Dix minutes de gargarimes…

Les trois premiers soirs, je lui ai demandé de couper sa télé. La première fois à 22h30, le lendemain à 23h et encore plus tard le troisième jour. Je lui ai expliqué que les changements de luminosité, dans la pièce, m’empêchaient de dormir. Il n’a pas compris.

Terminons bientôt cette introduction et revenons aux toilettes. Plusieurs fois par nuit, il se lève pour pisser. Il ouvre la porte des toilettes, allume la lumière, ferme la porte (de nuit, j’ai dit, la journée elle reste ouverte) et se met à l’ouvrage. Pour ma part, quand j’allais pisser, je fermais la porte avant d’allumer…

Un mot pour les multiples conseils qu’il me donne. Comme aller en salle de repos lire les plaquettes avec les conseils alimentaires (où il est bien indiqué qu’il faut éviter tout complément alimentaire : je ne suis pas sûr qu’il sache lire). Comme au sujet de mon addiction à l’iPhone (je vais y revenir). Comme la nécessité de marcher « car le vélo qu’il nous font faire ne sert à rien ». Comme la nécessité, pendant ce vélo, de ne pas pédaler trop vite afin de ne pas augmenter le rythme cardiaque (je me demande bien pourquoi on en fait…).

 

Ce matin, j’ai craqué deux fois, pour la première fois. Revenons à hier. Je ne sais pas où je vous avais laissé et ce que j’avais raconté. Toujours est-il qu’il avait fermé les volets pour faire la sieste après déjeuner vu qu’il n’avait pas dormi pendant la nuit (me faisant endosser la responsabilité alors que je m’étais endormi après 23h30 et réveillé par le passage des infirmières à 6 heures, sans compter ses mictions). Je suis donc aller faire ma pause dans une pièce « de repos » (d’où j’ai rédigé mon billet de blog). Ensuite, comme tous les jours vers 16h30, je suis allé dans le préau du bâtiment d’en face (là où j’avais discuté avec des visiteurs). C’est le seul endroit abrité avec des bancs que je connaisse. J’y reste souvent jusqu’à 18h, pour recevoir, ensuite, les infirmières (et ma piqûre !). Je bois des boissons fraiches achetées au distributeur (de l’Orangina, s’il y en a).

Hier, à 16h45, il est sorti de ce bâtiment. Je ne sais ni ce qu’il y foutait ni comment il y et entré (une porte de derrière ?). Je ne vois qu’une seule solution : me surprendre ou m’espionner… Notre séparation étant pour aujourd’hui, j’ai choisi d’ignorer.

 

Ce matin, il va pisser vers 6h. Lumière allumée. Nicolas réveillé (pas grave, à l’hôpital, c’est un peu l’heure). Je décide au bout de cinq minutes de passer aux toilettes en respectant mes habitudes (lumière allumée uniquement lorsque la porte est fermée). Au moment où je rentre, il me dit (pour la première fois) : « vous pouvez fermer la porte ? » Je demande pourquoi. Il me répond que la VMC fait du bruit et que ça l’empêche de dormir. J’ai alors répondu « mais vous avez décidé de me faire chier jusqu’au bout ? »

Je ne sais pas s’il m’a entendu.

Plus tard, après le petit déjeuner, je sors mais je reviens rapidement car j’avais oublié mon iPhone sur mon lit où il aurait pu être volé. Je m’allonge donc et commence à jouer avec puis, pas à l’aise, je m’assois sur le lit. Je ne sais pas pourquoi, il est venu voir ce que je faisais. Il a dit « Ah, des jeux vidéos ». « Ben oui ». « Je me rappelle, j’ai eu une vraie addiction, je vais vous raconter. » J’ai alors gueulé : « je m’en fous ! ». Les addictions d’un pareil débile, je m’en carre réellement.

 

Voilà, j’ai craqué…

 

Le pire est que quand je suis rentré du sport, vers midi, il était allongé sur son lit avait des infirmières et le cardiologue autour. Il avait fait une forte chute de tension. Je me suis mis à avoir peur qu’ils ne le foutent pas dehors, comme prévu, mais qu’ils le gardent une semaine de plus.

Ils lui ont clairement fait comprendre que c’était hors de question et tout le monde semble sûr que ce n’était qu’une comédie car il avait peur de sortir…

 

En sortant, avec ma valise, j’ai croisé l’infirmière. Elle me dit « ça va Monsieur Jégou ? » Je réponds que « oui mais qu’on avait eu deux prises de tête le matin et que je n’en pouvais plus ». Elle m’a dit « soyez tranquille, c’est maintenant terminé ».

17 octobre 2024

Le coloc est vraiment un con

 Désolé pour la mise en page de ce billet et les probables fautes (comme si j’avais besoin de ça !) mais le coloc dort. Je rédige avec l’iPhone. Je vous avais laissé hier, guéri d’un rhume mais franchement cambriolé. Le docteur était content, ce matin. Il m’a ajouté une semaine d’hôpital pour faire le suivi de la maladie guérie. Ces gens sont surprenants… Il a même nié avoir annoncé ma sortie (hors je l’avais moi/même signalée dans le blog : ça ne s’invente pas). 

Cette nuit, j’ai dormi un moi, réveillé trois fois par le coloc qui disait bien fort : « oui mais moi je dors toujours pas ». Trois fois. Strictement les même propos. À chaque fois, j’ai réglé mon masque, préventivement. 

Ce matin, on a confirmé avoir passé une mauvaise nuit. J’ai failli craqué. Il a éteint sa télé vers minuit (avant les variations de lumière m’empêchent de dormir) alors que je lui avais dit que je voulais dormir tôt (suite à mon rhume) et que j’ai éteint la lumière vers 21h30 (avant le passage des infirmières). Je me suis donc endormi vers minuit ! Il savait très bien que je ne pouvais pas dormir avec une télé dans une pièce éteinte. 

Un peu après, il s’est levé pour mettre un truc devant la porte, pour faire du bruit si la cambrioleuse se pointe à nouveau (quelle probabilité ?). Vers deux heures, l’infirmière est passée dégager la porte (il lui avait dit qu’il allait la bloquer, ce qu’elle ne voulait pas). Il m’a ensuite réveillé trois fois avec les propos que je relate ci-dessus. à six heures, l’infirmière est passée pour la prise de sang….


J’étais donc très énervé de le voir se plaindre : ma nuit avait été écourté de trois bonnes heures par sa faute. Le toubib se pointe alors. C’est là qu’il m’annonce que je devrai rester une semaine de plus. Je ronchonne pour la forme mais lui dit : changer moi de coloc, je ne supporte plus ce con. Texto. Il le dit : rassurez-vous, je l’ai foutu en hôpital de jour (ce qui voulait dire : on ne le supporte plus non plus, c’est un autre service qui va se le taper). 


La matinée se passe, je reviens de ma séance de vélo. Le volet de la chambre était fermé et la lumière éteinte. J’allume et comprend qu’il dormait. J’éteins. J’ai attendu le repas dans le noir.

L’armada (eau, médicaments, repas…) se pointe vers 12h20. Une aide soignante ouvre de force les volets. Je lui fais signe que j’étais exaspéré. Elle opine et chuchote : il part demain. 

Dès la fin du repas, je ne le supportais plus. Cet imbécile a osé m’expliquer que c’est moi qui l’avait empêché de dormir car j’avais beaucoup remué dans mon lit. Il m’a dit que c’était le stress suite au cambriolage (en fait, je l’avais totalement oublié mais c’est lui qui ne pense qu’à ça et c’est donc ce qui explique son insomnie donc la mienne…). 

Ensuite, il me dit que je devrais marcher plus et faire comme lui : marcher trois heures… car les exercice proposés ici « ne servent à rien ». 

Je confirme : il marche trois heures mais ne fait que trois kilomètres (je le vois marcher et il m’a décrit le parcours qu’il faisait). En fait, il déambule tel un petit vieux…

Je finis par aller patienter dehors. Je vais faire ma séance de sport suivante. Je reviens dans la chambre. Les volets étaient fermés et la lumière éteinte. 


Le gars aura dormi six heures aujourd’hui, je suppose, ne dormira pas cette nuit ce qui me maintiendra éveillé. Bravo. 

16 octobre 2024

Le rhume et le cambriolage

 


Ne vous plaignez pas : si je n’ai pas donné de nouvelles depuis presque une semaine, c’est surtout parce que je n’ai pas grand-chose à dire ou, du moins qui vaille que je sorte mon ordinateur (c’est chiant, je dois le laisser sous clé quand je ne suis pas là et, comme il se décharge, sinon, je dois l’utiliser branchés au secteur ce qui n’est pas vraiment prévu par les hôpitaux). Enfin ! J’ai suffisamment de mauvaises nouvelles (bof) pour vous tenir la grappe pendant un ou deux feuillets ce qui réjouira l’autre maigrichon qui n’arrête pas de ronchonner quand je ferme ma gueule.

Figurez-vous qu’il m’est arrivé ce qu’on peut avoir de pire dans un hôpital : j’ai attrapé un rhume… Je vous raconte tout mais sachez bien que ça a peu d’intérêt ! Hier matin, ma tension était assez basse (genre inférieure à 10 pour le gros chiffre) ce qui était exceptionnel chez moi (j’ai même dépassé le 19, une fois). D’ailleurs, depuis mon hospitalisation en cardiologie à Pompidou de 2001, je suis « sous » traitement. Lors de ma nouvelle hospitalisation dans ce même  service, ils m’ont supprimé ce médicament grotesque et ça va de mieux en mieux, me maintenant entre 12 et 13 (franchement, le petit chiffre, je m’en tape)… Jusqu’à hier après-midi, ça allait très bien mais j’ai commencé à avoir un peu de fièvre. Vous savez, le genre de truc qui vous pousse à dire « une soupe et au lit » et le matin vous allez très bien. Hier soir, les gonzesses spécialistes des machins qu’on ne met plus dans le cul mais dans l’oreille ce qui manque de charme mais est sans doute préférable pour le confort visuel voire tactile de leur travail. Ma voila à 38°5 !

Ils ont fait venir un toubib, pisser dans un bocal (pas le toubib, moi), une prise de sang. Branle-bas de combat ! Et je passe le test PCR le plus musclé que je n’ai jamais fait.

 

Réveillé par un cambriolage vers une heure, ce matin, j’ai constaté que j’étais en pleine forme. Rappelez-mois de vous raconter cet événement, j’ai constaté que j’étais en pleine forme. J’avais eu mon gros rhume ou mon coup de chaud, et hop ! Ce matin, tout de même, tout le monde était inquiet… Ils m’ont même interdit de faire du sport alors que je suis tout de même là pour ça. J’ai failli réclamer, ce qui m’a fait beaucoup rire.

Le cardiologue se pointe. Il n’avait pas encore eu le résultat des analyses. Il m’a donc collé sous antibiotiques. C’est l’infirmière qui, a l’instant, ma confirmé que c’était un simple rhume.

Je vous conseille de ne jamais tomber malade si vous êtes déjà à l’hôpital !

Mes « constantes » sont bonnes, cette après-midi ! En plus, il faut que je mette un masque pour me promener dans les couloirs. J’ai refusé de le mettre dans la chambre et l’infirmière a bien rigoler quand j’ai dit que mon coloc pouvait bien crever.

 

Renons-en à ce cambriolage ! A une heure du matin, je suis réveillé par le coloc en question qui s’engueulait avec quelqu’un dans les toilettes. Lui-même avait entendu un peu de bruit mais comme ma VMI (le machin contre les apnées du sommeil) continuait à ronronner, il est allé voir ce qu’il se passe. Il y avait une petite dame qui avait étalé le contenu des poches sur le sol des chiottes en question pour voler ce qui l’intéressait. Quant il a ouvert la porte, il a rangé tout ce qui trainait mais avait conservé deux briquets. Elle a dit au coloc qu’elle me connaissait et qu’elle avait l’autorisation pour les prendre, ce qui est évidemment faux (et je ne l’avais jamais vue).

On l’a poussée chez les infirmières qui ont appelé la sécurité mais elle a réussi à fuir  (après qu’on ait pu lire son identifiant, sur le bracelet : elle s’était enfui d’un service d’addictologie). Pressé par mes comparses de vérifier le contenu de mes poches, j’ai fait la connerie de dire que rien ne manquait sauf, peut-être, un billet de 50 euros. Visiblement, ils ne savent pas ce que veut dire « peut-être » ! Mon colloc ne comprenait pas que je ne savais pas si j’avais un billet de 50 euros sur moi…

Je me suis recouché, sans fièvre et j’ai bien dormi mais, dès le réveil, le coloc a commencé à parler de l’événement comme s’il avait la moindre importance réelle. Il ne faisait que ça, racontant les faits, inventant une partie ! Il a connu une première heure de gloire quand la responsable administrative du pavillon s’est pointée puis une deuxième quand fût venu le tour du directeur de la sécurité. J’ai cru comprendre qu’il en avait également parlé au personnel des salles de sports et aux gens qui en faisaient avec lui…

 

Je vous assure que, pour moi, c’était totalement sans importance : une espèce de folle se pointe dans une chambre et fouille les poches pour tenter de voler des trucs. Bah ! J’étais surtout préoccupé par mon semblant de maladie. Par contre, le coloc racontera ce bordel pendant une dizaine d’années.

Le directeur de la sécurité, dont je parlais, a dit que puisque j’ai déclaré qu’on m’a volé un billet de 50, il fallait que j’aille porter plainte au commissariat. Alors j’ai commencé à gueuler (pour la première fois) : « je n’ai pas dit qu’on m’avait piqué 5à euros mais que la poche où je range généralement mes billets de 50 était vide et si vous voulez que j’aille porter plainte, je veux bien, mais je mentionnerai surtout, à la police, la sécurité de votre boutique vu qu’on a une malade qui s’est échappée et a réussi à pénétrer dans un service dans un autre bâtiment. »

Faut pas m’énerver, non plus !

 

A part ça, je ne peux pas donner de nouvelles de ma santé vu que je n’en sais rien. Toujours est-il que mon second week-end de permission s’est bien passé et que j’ai récupérer ma capacité à enfiler des pintes sans ciller.

Je ne sais pas si c’est bon signe.

10 octobre 2024

Rigolons du coloc

 


Si je m’entends assez bien avec mon coloc (du moins, si je le tolère…), c’est que nous avons plusieurs points communs. Nous avons le même âge (je suis même un peu plus vieux, ça fait bizarre). Nous sommes des célibataires endurcis (je suppose que c’est parce que je ne supporte personne et que personne ne le supporte). Nous sommes tous deux issus d’une fratrie de trois enfants. Nos mères sont mortes il y a dix-huit mois et nous souhaitons garder la maison.

Pour les détails, il y a des différences, évidemment. Par exemple, la maison m’appartient alors qu’ils n’ont pas fait le partage et je crois qu’il a deux sœurs.

 

A ce sujet, j’aimerais bien que la mienne se rende compte à quel point on peut avoir des frères plus chiants que moi… Mais le sujet n’est pas là.

Comme autre différence, je suis serviable, aimable… Par exemple, une aide-soignante entre dans la chambre, dès que je devine pour quoi elle est là, je me prépare (si elle vient faire le lit, par exemple, je déplace le casque du respirateur, les câbles, me lève…). Lui, il dit à peine bonjour (et attend qu’on lui demande de libérer le lit). Je suis très facile à vivre. Cette andouille n’arrête pas de faire chier. Ce midi, une gonzesse (aide-soignante…) vient proposer un café comme tous les midis, j’accepte, il répond « non mais je veux bien un jus d’orange ! ». Comme si elle transportait un bistro sur son chariot.

Le pire est que, à chaque fois, il est persuadé qu’il va l’avoir…

Ce midi, la gonzesse était un peu énervée…

 

Hier midi, une gonzesse débutante est venue débarrasser son plateau du déjeuner. La gonzesse expérimentée était avec le chariot, dehors, et quand elle a vu le plateau, elle a enlevé tout ce qui n’y avait rien à faire (des ordures) et l’a refilé au zozio en lui disant « vous avez des poubelles, pour ça ! ».

De plus en plus, je parle du loustic avec le personnel. Vers 10h, deux gonzesses arrivent pour faire les lits. Il partait faire sa gymnastique un peu après. Une me dit « tiens ! Vous n’êtes pas dans le même groupe pour les activités ? » J’ai répondu : « Ah non, déjà que je le vois tout le reste de la journée. » Elle me lance « Si vous saviez comment on vous comprend. »

Même le boss m’a un peu vidé son sac, dans la milite de ses devoirs, pour me montrer combien il me comprenait. D’ailleurs, hier matin, il m’a demandé si je voulais cesser prématurément la réadaptation. J’ai refusé en indiquant que ça me faisait du bien et tout ça et j’ai ajouté « malgré tout » en montrant la place de mon congénère qui était absent. Il m’a répondu des choses divers sur le type et a fini par « je vous félicite, vous êtes vraiment très gentil et patient, c’est vrai… ».

 

Hier soir, un peu avant 18 heures, une de ses sœurs passe pour lui apporter différentes affaires, notamment de quoi bouffer parce que l’hôpital lui interdit tout ! Je rigolais : déjà que la veille il s’était fait engueuler par le cardiologue car il avait fait bouffer n’importe quoi pendant sa perm…

Ils discutaient et le ton montait alors qu’ils parlaient des charges diverses que la fratrie devait payer. Par exemple, dans la maison de la mère, il a voulu laisser le téléphone alors que la maison est peu occupée et qu’il a un portable. La sœur expliquait qu’elle ne voulait plus payer. Lui a répondu qu’il faisait bien l’avance pour les impôts…

Finalement, ils ont décidé de sortir pour poursuivre la discussion ailleurs que devant moi.

Sur ces « entrefaites », l’infirmière arrive pour distribuer les médicaments du soir. Elle commence par lui… Puis vient me voir et dit : « vous savez quoi ? Il a de la bière dans son sac alors que ça lui est strictement interdit ! » Comme il était sorti précipitamment, avec sa sœur, il n’avait pas eu le temps de cacher le contenu des sacs…

Elle était scandalisée ! J’étais pliée de rire…

 

Comme je le disais à un gros pote, c’est difficile à raconter à l’écrit mais c’était vraiment très drôle.

A noter que c’est la semaine dernière qu’une première gonzesse m’a fait part de sa compassion devant ce que je devais supporter…

 

Le soir, il m’a proposé une bière sans alcool. Il a bon fond. J’ai refusé.

 

Si vous avez bien lu ce billet, vous aurez noté l’important : le toubib veut bien que je sorte mais a proposé de continuer le rythme normal. Bref, en permission demain soir et la quille en fin de semaine suivante !

09 octobre 2024

Le trépident quotidien du gars en situation de réadaptation

 


Mon billet d’hier ayant été censuré par Facebook (sans doute à cause de l’illustration : un type en slip), certains auront loupé mes nouvelles du jour. Vous pouvez cliquer où il faut pour lire tout ça sachant que je dis que je vais bien malgré la panne de mon ascenseur mais j’ai mis le lundi à me remettre de mon week-end, pourtant digne d’un dromadaire, certainement peu tempérant pour autant. Et je parlais de mon coloc.

Certains – les mêmes ? – me demandent parfois comment je fais pour le supporter. On répondra que je prends mon mal en patience, que je ronge mon frein ou que je suis con comme une bite. Cette dernière hypothèse tient assez la rampe mais il faut nuancer. Il faut savoir que dans ce centre de rééducation, on entre dans une « routine absolue » que j’ai décidé de vous narrer, ce matin, pour rendre service… Même si « routine absolue » ne veut pas dire grand-chose d’autant que les horaires dépendent de l’activité du service.

 

Commençons par le matin et désolé pour cette énumération fastidieuse. Vous pouvez passer à la conclusion si je n’oublie pas d’en mettre une. Sinon, tant pis.

A partir de 6 heures, une gonzesse passe pour changer le broc d’eau. Parler de gonzesse n’a rien de péjoratif mais j’ignore toujours quelles sont les titres (infirmière, aide-soignante, femme de chambre, prostitué gériatologue…) des passantes. D’ailleurs, seul le cardiologue est un homme et heureusement qu’on ne va pas laisser des boulots sérieux à des gonzesses.

Dans les mêmes eaux, une gonzesse diplômée passe faire les prises de sang qui auront été demandées par le cardiologue, la veille.

A partir de 7 heures, un groupe de pouffe – tiens ! Il y a parfois un mec, un grand noir ; aussi bien il est homosexuel, ça compense, mais je ferai attention s’il doit faire ma toilette – passe prendre les constantes.

En même ou presque, une gonzesse passe refiler les médicaments. Avec moi, ça va vite. « Prenez ça et fermez votre gueule »  « oui cheffe ». Avec le coloc, ça prend des plombes, il veut savoir à quoi sert tel ou tel médicament, parfois il a perdu son pilulier mais il refuse de recevoir des médicaments s’il n’en a pas (alors que les médocs sont refilés à chaque repas…). Ce rituel est le même à chaque fois qu’on doit bouffer (je n’ai pas de médicament le midi).

A partir de 8 heures, le petit déjeuner est servi et une gonzesse passe pour faire la chambre (oui, il arrive qu’elle se pointe avant si bien que le ménage commence alors que nous sommes au lit). Cela « sonne » l’heure du lever.

Dès le café bu, le jus d’orange avalé, les tartines gloutonnées, je vais faire un tour près de la porte à côté de la cafétaria. Ce rituel du tour a lieu à chaque repas (ceux qui me connaissent seront surpris que je ne fasse pas la sieste mais le coloc met des plombes à grailler et je ne supporte pas ses bruits de mastication).

 

A mon retour, je me repose vaguement et je fais ma toilette. Je ne sais pas quand le coloc fait la sienne. Dans notre grande charité, on va dire que c’est plus tard (à partir de 14h30) mais je me demande, en fait, s’il se lave…

A 10h, ce dernier va faire sa première séance de sport pendant 45 minutes. Il revient puis repart 15 minutes plus tard pour la deuxième. Pour ma part, c’est à 11h que je descends à la salle d’attente avant la séance de vélo avec mon groupe (toujours les mêmes, on commence sérieusement à papoter).

Avant 11h, le cardiologue passe. Si j’ai de la chance, je suis présent quand il cause à l’autre abruti. Je n’ai pas beaucoup parlé du cadiologue mais ça viendra : il est très sympathique.

A 12 heures, je suis libéré. Je vais faire un rapide tour dehors le temps de récupérer puis je monte bouffer (vous connaissez la routine : livraison des médicaments, des repas, petit tour dehors en attendant le silence dans la chambre puis sieste). Un café est livré avec le repas (ou un peu après s’ils n’ont pas le temps).

 

A 14h15, je descends dans la salle d’attente pour la gymnastique puis la musculation. Cela se termine à 15h20. Je vais alors prendre un café (la machine est à l’opposé par rapport à la cafét…) et marcher un peu, le temps de se remettre (de « détranspirer »). En remontant, vers 15h45, je passe au bureau des infirmières pour qu’elles me prennent mes « constantes ».

Petit moment de repos (c’est souvent là que je fais mon blogage) puis longue pose devant le bâtiment d’en face (où j’étais en première semaine) qui dispose non seulement d’un préau mais aussi d’un distributeur de jus de fruits. Pendant mes pauses (celle-ci mais aussi celle du matin, il m’arrive de me promener un peu mais je dois avouer une certaine fatigue avec tout le sport).

 

Retour à la casbah à 18 heures pour les médicaments (il faut que je sois là pour recevoir les anticoagulants par piqûre). Dîner servi à partir de 19h. Parfois je vais faire un tour après (les mastications…). Couché de bonne heure (sans dormir). Passage des gonzesses vers 21h30 pour les constantes.

Vers 23h, j’engueule le coloc pour qu’il éteigne sa télé…

 

En illustration de ce billet, une photo « Google Map ». Vous y trouverez plein de bâtiment allongés et parallèles. Celui avec un toit blanc est celui où j’étais la première semaine (c’est cette baraque qui a un préau où je fais les pauses de l’après-midi). Je suis maintenant dans celui tout juste à droite. En bas de celui-ci, dans le prolongement, il y a un bosquet où se trouve la cafétaria (mais les machines à café ailleurs sont aussi bien… vu qu’elle a des horaires réduits).

Tous les bâtiments semblent préfabriqués et le tout ressemble un camp militaire (de province).

Si je vous montre cette photo, c’est pour montrer les espaces verts. Partout, il y a des bancs où l’on peut se poser. Un vrai centre de vacances…

 

 

 

08 octobre 2024

Mon coloc en slip

    


Mon dernier billet recevait ce matin ce commentaire : « Et alors ? Ça s'est passé comment, ce retour en cellule ? Toujours le même compagnon de chaîne ? Le peuple a le droit de savoir, bordel ! » Je rappelle que mes fistules ne toucheront pas le peuple et que c’est à la gauche radicale de s’occuper de lui vu qu’elle, elle SAIT.

Je vais donner tout de même des nouvelles pour la famille et les proches et aussi les moins proches dont ceux dont je n’ai strictement rien à cirer : ça va. Au moins, je n’ai plus les douleurs liées à l’opération. C’est pas tout ça, on se fait scier les côtes pour accéder au palpitant histoire de lui brancher de nouveaux tuyaux et après : on a mal pendant quelques semaines. Le corps humain est-il mal fait ? Vous avez deux heures.

 

Je ne sais plus où j’en étais de ma narration. Je suppose que j’ai dit que j’avais bien bouffer samedi midi. Le dimanche, c’était pareil mais, en plus, j’ai acheté une valise ce qui est totalement anecdotique mais il fallait bien remplacer l’autre qui était foutue. En sortant de table (et du comptoir où j’ai bu un calva généreusement offert par la maison), je suis rentré à la maison et j’ai constaté que l’ascenseur était en panne. Ce n’est pas exactement ce qu’il me fallait après l’opération mais je n’avais pas le choix. Je me suis tapé les six étages avec une valise certes vide mais en tenant cette dernière, la rampe et mon pantalon vu que ma ceinture était restée en Bretagne.

Je suis arrivé en sueur et essoufflé mais moins qu’il y a deux semaines, quand le kiné m’avait fait monter les trois étages de l’hôpital ! Le soir, finalement, j’ai renoncé à retourner au bistro… Un peu de sagesse !

 

Le lendemain, j’ai fait ma valise (en oubliant mon short ce qui fait que je fais mes exercices en short…) et j’ai descendu les escaliers, l’ascenseur étant toujours dans les choux. Je suis arrivé en bas essoufflé. Toute la journée ça a été ainsi. Pendant le vélo, j’ai dépassé les 115 de pulsation contre une moyenne de 105, habituellement. J’étais assez inquiet mais, aujourd’hui, je suis en pleine forme : donner-moi un escalier de 10 étages et je le monte en courant et en chantant la Marseillaise en breton.

Lundi matin, j’arrive à l’hôpital de semaine et retrouve mon colloc abruti. Par politesse ou réflexe, vu que je m’en contre-pignole, je lui ai demandé si ça s’était bien passé ! J’aurais du fermer ma gueule. Tout d’abord, il s’était fait engueuler par les infirmières parce qu’il n’avait pas pris ses médicaments ce matin là car il pensait que l’hosto allait lui les filer. Bien sûr, mon con, on te fait une ordonnance mais tu dois ne pas la prendre en compte… Quel con ! Il n’a pas arrêté de se plaindre, il avait été stressé, le taxi conduisait mal alors qu’il savait qu’il avait fait un infarctus, il passait son temps à pisser car les diurétiques refilés par les pharmaciens n’est pas le bon… J’en passe.

Il ne m’a pas demandé ce que j’avais fait. C’est dommage, j’aurais dit que j’avais pris quatre cuites (ce qui aurait été un peu mensonger).

 

Ce matin, mon cardialogue passe dans la chambre. On papote. Je ne crois pas avoir parlé de lui mais il est vraiment sympa et me semble compétent (on jugera à l’autopsie). Il me confirme que ça va et que mon essoufflement de la veille pouvait être dû à plein de choses.

Le coloc n’était pas là. Le cardio est repassé après. J’ai bien rigolé ! Le coloc s’est pris une soufflante car, non seulement il n’a pas respecté toutes les préconisations mais, en plus, il a menti ! La prise de sang qu’il avait eue ce matin très tôt a parlé !

Ce qui m’amuse le plus est qu’il avait passé la semaine dernière à me donner des conseils que je n’avais que faire (je n’ai pas de problème de cœur mais il n’arrive pas à le comprendre). Il fallait que j’arrête l’Orangina (il n’y a pas de bière à la machine). Il fallait surtout que je marche et que j’arrête de rester scotcher à l’iPhone car c’est mauvais. Je pourrais en faire un billet de trois feuillets… Toujours est-il que si je ne changeais pas et n’allait pas me promener dans le parc, j’allais faire une dépression ! Il a passé son lundi à dormir tant il était dérangé par un peu tout (il n’avait, en plus, pas encore vu le cardio).

J’ai oublié de dire que, généralement, il est vêtu d’un short en jean (c’est tout de même un truc qui ne se fait plus), d’une chemise du même métal (je ne savais plus que ça existait), de chaussettes montantes avec des mocassins. Tu parles d’une élégance ! La nuit, il est en pyjama à peu près normal mais qui ne va pas trop à un séjour à l’hosto. Et, entre ses deux tenus, il se promène slip blanc et tee-shirt blanc.

Chacun fait ce qu’il veut mai is j’ignorais qu’il restait des andouilles à acheter ce genre de sous-vêtements.

 

Je vous avait parlé des bruits, de l’odeur, des conneries… Il manquait une description de ma vue au quotidien…

A noter que je me promène en caleçon. Pas en slip. Faut pas déconner tout de même. Je garde mes slibards - j'en mets aussi - pour mon intimité. Et, avec un truc blanc, j'aurais peur des traces de pneu et autres cartes de France. 

Surtout si je pétais autant que lui.