Force est de constater que l’on dit beaucoup d’âneries au
sujet de la mayonnaise. Hier, j’ai eu une espèce d’impulsion : il me
fallait vérifier deux points. Le premier est que la mayonnaise n’est pas
compliquée à faire et la deuxième que la mayonnaise maison n’est pas « bien
plus bonne » que l’industrielle. Je me suis donc lancé de la confection de
ce nectar, fleuron de nôtre gastronomie nationale qui nous vaut le respect dans
le monde entier sauf là où Depardieu est passé.
Sur la difficulté à faire de la mayonnaise, la propagande anticlitoridienne
va jusqu’à prétendre qu’une ménagère ne peut pas la réussir si elle a ses règles
alors qu’il n’y a évidemment aucun rapport. Hier, j’ai choisi la simplicité. J’ai
pris un jaune d’œuf, du sel, du poivre, de la moutarde et du vinaigre. J’ai mis
le tout dans un saladier. J’ai sorti le « batteur » reçu en héritage
et stocké parmi les ustensiles de cuisine dont au sujet desquels je me
demandais s’ils n’allaient pas finir à la déchèterie. J’ai mélangé très bien
mes trucs. J’ai continué à « battre » en ajoutant de l’huile et ma
mayonnaise était parfaite. J’en ai remangé le soir et elle était divine avec du
rôti de porc froid et du jambons achetés tout prêts chez Intermarché mais peu
importe.
Il faut dire que je n’avais pas de vinaigre normal mais uniquement
du balsamique ce qui donne un goût parfait mais peu habituel. En outre, je n’avais
presque plus de moutarde ce qui n’est pas très grave. D’ailleurs, la vraie
mayonnaise se fait sans moutarde. Si vous en mettez, ça devient une rémoulade.
J’ai un blog pédagogique : je viens de démystifier la
fabrication de la mayonnaise et de vous informer sur ce que c’est réellement.
Venons-en au fait que la mayonnaise maison serait meilleure
que l’industrielle. En fait, c’est comme avec les frites. Personne ne sait
vraiment différencier les industrielles des « maisons » : tout
dépend de qualité de la patate et de la cuisson. Vous prenez des mauvaises
patates, vous n’en ferez jamais des aussi bonnes que celles faites par des
industrielles qui ont les moyens de sélectionner les bons produits.
Il y a d’autres éléments à prendre en compte. Si vous avez
une demi-heure pour faire à manger pour six personnes, autant prendre des
frites surgelées, surtout si vous en avez acheté des bonnes. Et si vous voulez
manger un sandwich au poulet, autant pendre de la mayonnaise en bocal :
vous n’allez pas vous faire chier à en confectionner une vraie avec le ramassis
de conneries que l’on entend comme le fait de sortir les œufs du frigo à l’avance
pour qu’ils aient la même température que l’huile puis s’épuiser à battre le
tout avec une fourchette alors qu’il suffit de tout foutre dans un récipient et
de sortir un batteur.
Le sujet de ce billet n’est pas de savoir s’il faut
conserver les œufs au frigo, au fait ! Je n’ai pas d’avis sur ce sujet. Je
mets les miens dans le frigo un peu par tradition familiale et beaucoup parce
que je ne sais pas où les foutre, sinon.
Je suis persuadé que la plupart des gens qui pensent manger
une bonne mayonnaise au restaurant pensent qu’elle est maison alors qu’elle a été
achetée chez métro, notamment parce que les conditions de conservation des œufs
sont un peu casse burnes. Par conséquent, ceux qui pensent que la mayonnaise maison
est meilleure que l’autre, le font un peu par pure croyance en étant persuadés
être des cordons bleus.
Quand on parle de fruits de mer, au bistro, je dis souvent
que mes préférés sont les langoustines ce qui est faut, ce sont les bigorneaux.
D’ailleurs mon truc sur la mayonnaise fonctionne aussi avec les bulots :
les gens disent adorer ça alors que nous les foutions à la poubelle quand nous
étions gamins en bord de mer.
Ainsi, quand vous dites que vous aimez les langoustines (ou
les bulots), vous ajoutez que vous les mangez avec un peu de mayonnaise et que
c’est divin. Il y a SYSTEMATIQUEMENT un type qui ajoute « ah oui avec une
bonne mayonnaise maison ». Ce à quoi je rétorque que l’on n’est pas là
pour déguster la mayonnaise mais les langoustines qui ont d’ailleurs surtout le
goût du court-bouillon dans lequel elles ont été cuites.
C'est un peu comme tous ces types (hé oui, toi aussi) qui ajoutent de la moutarde avec du pot-au-feu sans même se rendre compte qu'ils apprécient ainsi plus le goût de la moutarde que celui de la viande.
La mayonnaise maison, c’est bon. Je le conçois. Mais il n’y
a pas de quoi en chier une pendule. Et la mayonnaise que j’ai faite hier a
surtout le goût du vinaigre balsamique et de la faible quantité de moutarde, ingrédient
qui ne rentre pas dans la confection de la mayonnaise.
Il fallait que ça soit dit.
Surtout que depuis que j’ai arrêté de parler des séries dans
ce blog, il faut bien que je trouve des sujets.
Depuis hier, un stock de mayonnaise à consommer alors que je n'en avais besoin que pour accompagner de la viande froide pour un repas. C'est d'ailleurs pour ça qu'il y a plus de vingt ans que je n'avais pas fait la mayonnaise moi-même, je n'ai pas que ça à foutre.