30 août 2024

Poursuite de l'approfondissement hospitalier

 


Lors de ma précédente période d’hospitalisations intensives, il y a près de quatre ans, j’hésitais à donner des nouvelles dans les réseaux sociaux au prétexte que c’était trop intime. En fait, je me rends compte maintenant que je n’en ai rien à foutre : soit, chers lecteurs, vous êtes des proches et il est logique que je vous livre des informations (d’autant que vous allez me les réclamer par un autre moyen de communication), soit, chers autres lecteurs, vous n’êtes pas proches et je ne vois pas bien ce que vous pourriez en avoir à cirer du degré de tortillonnationnage de mes glaouis. Ou alors vous êtes vicieux.

En outre, il y a quarante six mois et demi, je ne voulais pas spécialement que ma mère soit au courant de tout pour ne pas la perturber : il ne fallait pas lui donner de motif de désespoir complémentaire, à cette brave dame. Mais elle est beaucoup plus stoïque depuis son enterrement.

D’aucun se demandent comment je peux supporter tout cela mais dites-vous bien que je suis un roc. En d’autres termes, je suis plus inquiet sur le fait d’avoir un caleçon neuf à enfiler après ma douche de demain que ce qu’il me faudra faire pour gérer mon héritage quand mon cœur aura explosé lors de mon opération à venir. Je suppose que ma sœur et mon frère n’ont pas spécialement les mêmes préoccupations…

Il faut être un roc et nous ne supporterons aucune pleureuse dans notre entourage. Point. Sachez par exemple que répondre à mes messages de « solidarité » dans Facebook me fatigue et si vous étiez vraiment solitaire vous arrêteriez, à ma place, de boire des bières ce qui m’éviterait d’avoir à le faire vu que le bistro en face de l’hosto est fermé.

Un roc mais gras du bide, tout de même.

 

Comme je le disais, il faut voir le bon côté des choses. Par exemple, je vais faire des économies (cinquante ou soixante euros de bière et de clopes par jour, avec quelques restaurants en compléments quand je suis à Bicêtre) : ça nous fait du 750 euros par semaine, tout de même. Voila bien une cure que m’envieraient quelques pue-la-sueur…

Il y a aussi le fait que j’avance bien dans mon étude objective sur la gastronomie hospitalière que je me faisais une joie de réaliser. J’ai déjà deux quelques premières conclusions à formuler. Sur 6 repas pris depuis le début de ma cure, seuls deux plats du jour furent « un peu mauvais ». Ce n’est donc pas directement la qualité de la bouffe qui est en cause (d’autant que je suis assez difficile) mais « tout le reste », en commençant par la présentation à chier et les périphériques pourris. Hier soir, ils m’ont collé des Petits Suisses à bouffer. Ce n’est pas mauvais qui, dans un état normal, irait manger des Petits Suisses en dessert ?

Le principe même de manger assis dans un fauteuil louche ou sur un lit merdique, avec un plateau posé sur une table à roulette, vous plonge dans le plus grand désespoir ! Alors je me demande pourquoi ces gugusses mettent des serviettes de la même couleur et de la même texture que le papier hygiénique… Et il y a le problème des récipients en carton que j’ai déjà évoqué. Au fond, j’aurais presque envie de m’enfiler le stock d’anticoagulants et de me blesser opportunément avec un morceau de verre… En complément, il faut bien dire que les quantités me sont insuffisantes (elles iraient sans doute à un type normal mais je n’ai pas soigné mes 140 kg de gras à coût de blancs de poulets de 80 grammes).

 

Il y a quand même des plats très bons. J’ai eu droit à une espèce de paëlla, à des lasagnes et à des bolognaises qui étaient largement meilleurs que s’ils étaient sortis de mes propres casseroles (sans, évidemment, arriver au niveau de ce que pourrait faire un chef cuisinier). Alors, je supplie ces braves gens de notre glorieuse administration de songer à des détails. Ce matin, le lascar m’avait bien donné deux bouts de pain avec le café au lait mais il avait oublié le beurre. Je n’allais pas lui courir après dans les couloirs, en caleçon, ni appuyer sur la sonnette « d’urgence ».

 

Hier ou avant-hier, une sympathique jeune fille, probablement une infirmière stagiaire, est entrée dans mon box ma chambre avec une balance sous le bras en disant, je cite exactement : « c’est pour la pesée ». Voila typiquement le genre d’expression qui vous rabaisse au rang de bétail…

Pourtant, il est très important que je perde une dizaine ou une vingtaine de kilos en une dizaine de jours, quitte à les reprendre après : je risque d’avoir une opération avec ouverture du thorax ce qui rend difficile le fait de bouger les bras et surtout de les tirer par derrière pour les envoyer jusqu’à ce qu’il faut bien appeler le trou du cul pour procéder soit à un simple torchage soit à un nettoyage plus abouti.

Je ne déconne pas : c’est le principal mauvais souvenir que j’ai de ma précédente opération du genre… Ne pas pouvoir avoir les fesses propres sans demander un coup de main à une aimable aide-soignante. C’est très gênant. On me dit que ce n’est pas intime de raconter des histoires de santé dans les réseaux sociaux mais  je vous assure que c’est bien pire de demander à autrui de vous torcher les fesses… Quant à écrire dans les réseaux sociaux qu’on a peur de ne pas pouvoir avec le cul propre pendant quelques jours, je vous donne deux heures pour y réfléchir.

 

Je suis donc à Cochin depuis mardi soir (le 27 août, je le note ici pour m’en souvenir dans quatre ans). Le scanner spécial pour le cœur est en panne. Je vais donc être transféré à Pompidou lundi. Cet hôpital moderne (mais sans bistro en face) aura en charge de poursuivre les traitements actuels (antibiotiques à haute dose histoire de bien nettoyer ce que je n’ai dans les éponges, à ce stade du Destop serait plus efficace) et les examens préparatoires à l’opération de l’aorte pour virer le thrombus, opération assez lourde… Il reste un espoir d’y échapper (franchement, je n’arrive pas à évaluer la position des médecins de Cochin : aussi bien, ils veulent ne me laisser aucun espoir afin de ne pas risquer une mauvaise nouvelle. Au fond, la fois précédente, j’avais été opéré dans l’urgence alors que, aujourd’hui, tout le monde semble prendre son temps).

Le blog opératoire est réservé pour vendredi…

 

A part ça, je vais devoir avoir un coup de main de copains (me ramener quelques caleçons taille 5 et quelques tee-shirt 5XL, ce qui est plus dur à trouver mais Amazon fait les choses très bien (un short serait un plus). Mettons nous d’accord prochainement : il faut que le livreur puisse avancer le pognon (qu’il m’envoie un RIB pour que je le saisisse dans le machin) et livrer à Pompidou mais je ne connais pas encore la chambre.

J'avais bien pensé à apporter des fringues avec moi mais je n'avais pas fait leur contrôle technique auparavant. Admettez que tomber sur trois deux caleçons avec un élastique HS dans un stock de trois n'est pas de bol...

Par ailleurs, Yann B, si tu pouvais donner des nouvelles complètes aux patrons de la gare et leur demander de les transmettre à mon voisin Christian, celui qui boit des galopins ou des cafés avec Eugène. Ils comprendront.

13 commentaires:

  1. Quand tu dis 'quelques', tu as une idée un peu plus précise d'un nombre, côté caleçons et t-shirts ? (c''est Gilles S vu que je n'arrive à me connecter avec google sur ton blog)

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    1. Commande passée, 6 caleçons (moins cher que 4 à l'unité) + 4 TShirts + un short, le tout en 5XL. Livraison à Drancy dimanche 1er septembre. Je passerai te les livrer a réception. #viveamazon

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    2. Merci. Vive Amazon.

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    3. Il y a un Gilles qui m’a tout l’air d’être un chouette copain.

      Alors revenons à nos moutons : il y a aussi la "pesée" du bébé tu vois ?
      Ensuite, bien sûr que tu es un roc ! un cap ... que dis-je une péninsule !
      J’ai pas encore tout lu (ton texte est super enlevé aujourd’hui), alors je continue.
      Hélène





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    4. Bon, j’ai terminé.
      Évidemment, il y a des situations qui portent atteinte à la dignité de toutes les personnes dépendantes. C’est ainsi, il faut laisser sa fierté dans la poche du pantalon avec un mouchoir par dessus.
      C’est le moment pour toi de te pencher sur le sort des femmes, la maternité etc etc. Ça t’aidera à relativiser.
      750 euros par semaine ! Faudrait faire entrer l’hospitalisation au CAC40 😃
      Hélène

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    5. Pas toujours facile de laisser sa fierté dans la poche... Surtout quand le personnel hospitalier (du moins pour ce qui concerne mon histoire) semble ne pas comprendre mes problèmes...

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  2. Ok. J'avais pas vu en quelle proportion et pourquoi exactement tu devais / devrais à nouveau être opéré. Difficile de te dire autre chose que bon courage parce que ça risque d'être long et l'hôpital c'est jamais marrant voir c'est souvent même un peu traumatisant en tant que Tel. Le temps, le moindre détail et suffit que le service traîne sa peine en plus de la tienne, c'est encore plus dur. j'espère qu'il y a du monde qui passe te voir. Pour se torcher, je comprends le désagrément, j'étais parti a faire un boulot d'agent de soin que pour des raisons personnelles j'ai pas pu mener à bien. Mais j'ai du torcher des mamies et des papy et c'est un metier. C'est comme ça, pas le choix. Remarque, j'étais pas de ton côté du gant. Tiens au courant, courage, et oui maigris et j'espère que tu vas un peu sortir entre temps ! J'espère que tu peux un peu eu sortir du lit, marcher et que t'as toutes les chaînes ! Mêle si c'est pas la panacée. Ciao 👋😊

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  3. S'il s'agit de commander via Dame Ternette, je ne comprends pas pourquoi vous ne pouvez pas le faire vous-même depuis l'hôpital où vous êtes...

    Il est vrai que je ne comprends pas grand-chose à Dame Ternette !

    DG

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    1. Je dois avouer que je n’y ai pensé qu’après avoir conclu l’accord avec Gilles…
      N.

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    2. Andouille !

      DG

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