01 septembre 2024

Anomalies hospitalières

 


Dès le lendemain de mon arrivée à l’hôpital, j’ai pris quelques habitudes comme celle d’aller me promener dans les environs, jusque Port Royal, pour voir un peu de monde normal (il faut dire que Cochin est spécialisé dans les machins pulmonaires et les trucs ophtalmologiques ce qui fait que les promeneurs, dans l’enceinte de l’établissements sont laids : genres tubars en blouse « AP-HP » trainant un chariot avec un bouteille d’oxygène ou grands éborgnés plein de pansements).

Vendredi, le vigile me dit, en me montrant mon cathéter : « vous vous êtes patient, vous n’avez pas le droit de sortir ! » J’ai parfaitement compris la chose mais je me demandais néanmoins pourquoi personne de mon service ne me l’avait dit et comment un gardien privé pouvait m’imposer cela, d’autant que, si j’avais voulu fuir, j’aurais pu débrancher le truc. Je lui réponds « mais si j’avais eu ma veste, vous n’auriez pas vu mon machin et vous m’auriez laissé passer comme un visiteur normal ». « Oui mais ce n’est pas le cas ». Je lui ai alors dit : « mais je veux aller fumer une cigarette » (ce n’était pas le cas, j’arrête assez facilement le tabac quand je suis à l’hôpital) et j’ajoute « c’est interdit dans l’enceinte de l’hôpital ». Il me dit « oui, mais l’affichage n’est pas réglementaire donc l’interdiction ne compte pas »…

Ils ont de ces gardiens…

 

Il y a un truc qui m’énervait déjà lors de mes précédents séjours. Deux ou trois fois par jour, une infirmière vient « relever mes constantes » à savoir ma température, mon rythme cardiaque, ma tension et ma « saturation ». Ce matin, j’avais l’esprit fripon : « pourquoi relever mes constantes alors que si elles sont constantes elles ne changent pas, par définition ? ». Devant le regard d’hareng saur de la dame, j’ai été obligé de faire un large rétropédalage et abandonner ma vanne.

Pourquoi ils appellent ça des constantes, ces ânes ?

 

Récemment, je faisais un constat à un confrère sortant d’hôpital en lui avouant que ce qui me gênait le plus, à l’hosto, c’est que le personnel changeait souvent et qu’on ne reconnaissait personne (ce qui était encore plus vrai lors de mes précédents séjours à cause des masques)… Maintenant, ceux qui sont « un peu gradés » (j’imagine qu’une aide-soignante perdrait sa dignité si on la prenait pour une femme de service) se présentent la première fois qu’elles entrent dans une chambre ce qui est très sympathique mais ne change strictement rien au problème.

Hier, j’ai remarqué quelque chose d’amusant mais il a fallu vingt quatre heures pour que je puisse en avoir la confirmation : le week-end, les responsabilités du personnel changent. C’est ainsi qu’une aide-soignante peut très bien relever les constantes alors que c’est réservé aux infirmières en semaine et que les infirmières peuvent servir les repas… Le matin, c’est la même personne qui sert le petit déjeuner, prend les constantes, donne les médicaments… alors que, en semaine, elles sont au moins trois.

A noter, qu’il y a très peu d’hommes, ce qui est connu, mais c’est très rigolo de voir ceux qui sont « aide-soignant » et qui font comme s’ils étaient d’une espèce de caste à part, bien supérieurs aux gonzesses qui ont les mêmes fonctions. La dignité, c’est quelque chose…

A noter que parmi les femmes, de l’infirmière à l’aide-soignante en passant par la femme de ménage, elles se ressemblent toutes avec une très prononcée légère surcharge pondérale et une coloration de l’épiderme laissant penser qu’elles sont originaires (ou du moins leurs familles) de bien au sud du Maghreb (ceci n’est pas un problème sauf qu’il est absolument impossible de savoir qui fait quoi).

 

Dans le bâtiment où je suis, il y a deux « batteries d’ascenseur ». La première est réservée aux visiteurs, la seconde est là pour « monter les patients ». Je me demande quel « véhicule » emprunter quand je veux descendre… Je ne peux pas raconter plusieurs anecdotes d’ascenseurs mais j’avais déjà remarqué que, dans un des bâtiments de Cochin (Achard, je crois), l’ascenseur visiteur semble avoir été ajouté après la construction et il est presque impossible de le trouver quand on veut sortir.

L’autre jour, un brancardier est venu me chercher pour aller faire une radio des poumons dans le bâtiment voisin. Quand il a vu que je pouvais marcher, il m’a dit « ah ben vous marchez, on va pouvoir aller à pied ». J’ai feint la jovialité : « ah oui, ça me fera du bien ». Le gugusse a oublié que j’étais en pneumologie et « donc » manquais de souffle. Il a réussi à me semer dans les allées du complexe hospitalier.

 

Jeudi, au petit déjeuner, j’ai demandé deux morceaux de pain. Le lascar m’a bien servi mais a oublié le beurre. Vendredi, j’ai eu ce que je voulais en précisant bien que je voulais deux morceaux de pain et deux petites plaquettes de beurre. Hier, il m’a tout bien donné mais a ajouté un yaourt ! Déjà que je ne n’en mange que quand j’ai très fin, lors d’un repas normal. Ce matin, il me dit : « vous êtes sûr que vous voulez deux morceaux de pain ». « Ben oui, ai-je répondu ».

Il m’a servi.

Puis a dit : « le dimanche, ceux qui ne veulent pas de pain ont des croissants »…

15 commentaires:

  1. ah le personnel en léger ou moins léger surpoids j'avais noté ça lors de mon séjour à l'hôpital l'an dernier. Et comme toi le fait qu'elles étaient en grand nombre d'origine ou d'ancêtres étrangers. Ça doit déranger les réactionnaires et les racistes. Moi j'avais pris la fuite de pitié-salpètrière pour m'acheter un journal à lire le soir, mais je n'avais pas de cathéter.

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    1. Je suppose que les réactionnaires racistes sont ravis de se faire servir par des gens qu'ils peuvent considérer comme des esclaves...

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    2. oui mais ce ne sont pas des esclaves , parfois certains ont du caractère.

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    3. Ce que je veux dire est que certains doivent les prendre pour des espèces d'esclaves...

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  2. Votre gardien (tout comme, d'ailleurs les médecins, les infirmières, etc.) oublie évidemment une petite chose : qu'un hôpital n'est pas une prison, qu'on y est venu volontairement et libre, si bien que si on a soudain envie d'en sortir, il n'a aucun moyen (légal…) de nous en empêcher.

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    1. C'est ce que je me suis dit aussi mais je n'ai pas voulu débattre avec lui de ce sujet... C''est d'ailleurs une autre histoire d'abus d'autorité (en gros) qui m'a poussé à faire ce billet. Me voyant dans le couloir, l'infirmière m'a engueulé parce que j'avais laissé le téléphone dans ma chambre et que je risquais de me le faire voler. Or, je l'avais bien sur moi. Alors elle m'a engueulé parce que je n'avais pas fermé la porte de mon armoire à clé et que je risquais de me faire voler, notamment mon PC. C'était faux, mon armoire était bien fermée.

      Je me suis donc demandé pourquoi elle m'a parlé ainsi et ne m'a pas simplement rappelé "excusez moi, m'sieur, je dois vous rappeler de faire attention..." Tout comme mon vigile aurait pu dire : "Monsieur, on nous demande de conseiller aux patients de ne pas quitter l'enceinte de l'hôpital".

      Ce qui me fait dire qu'ils reçoivent de mauvaises instructions de la part des services juridiques et autres hiérarchies.

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  3. Prends soin de toi et si tu es capable de pondre d'aussi bons billets, c'est que tu dois être bien

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    1. Je suis entré à l'hopital en pleine forme. Manquerait plus que je sois malade maintenant.

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  4. Mince pour les croissants. C'est un futé au lieu de t'annoncer la 'possibilité' de 🥐 le dimanche.
    T'aurais dû lui négocier le yaourt contre deux croissants.
    Bobillé. 😉

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    1. Mince me voilà anonyme dans mes commentaires. C'est un bordel cette IA , sinon je sais pas si t'a vu mais ton poulain est en tête pour le poste 😉

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  5. Écoute, j’ai fait la même chose que toi et même plus.
    Hospitalisation d’urgence pour crise cardiaque, les appareils branchés sifflaient crachaient, j’ai failli claquer de peur, rien qu’a les entendre. Au bout d’un certain temps (me souviens plus combien) ça allait bien, mais j’avais trés soif. Les infirmières étaient surchargées, comme il se doit en plein été au bord de mer.
    Les couloirs étaient vides, et j’étais seule dans ma chambre.
    Du coupJe suis allée au supermarché à côté m’acheter des bouteilles.
    Quand je suis revenue j’ai eu droit au comité d’accueil, mes deux filles, mes amis et les infirmiers m’ont ensevelie sous les reproches. J’ai rien compris.
    Ils m’ont tellement soulée que j’ai mis mes écouteurs et j’ai décroché : chantez beaux merles !
    Hélène

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  6. Pas sympa le coup du pain ! La blague sur les constantes est pas mal, à votre place, je la ferai le jour de la visite où tout le staff est présent (professeur, assistant, interne, externe, surveillante) si ça existe encore, ça les distraira de l'ennui, le risque c'est qu'il vous remette à votre place de patient !

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    1. Avec tous mes séjours à l'hôpital, je n'ai jamais vu ces promenades de staff qu'on voit beaucoup dans les séries hospitalières américaines.

      Pour les constantes, ce n'est pas une blague. Je ne comprends pas pourquoi ils appellent cela ainsi. Je suppose qu'il s'agit d'un abus de langage ou d'une espèce de contraction de "normes constantes" (les données relevées, température, tension... doivent être dans des normes qui, elles, sont constantes, quelle que soit le malade).

      Toujours est-il que c'est une aberration complète de surveiller les variations de constantes... Et ça m'énerve.

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    2. Si votre énervement reste constant, c'est déjà ça...

      DG

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