18 octobre 2024

Débarrassé du coloc !

 


C’est un grand jour ! Je suis, à nouveau, en permission. La dernière avant la libération définitive. Surtout, mon coloc, l’imbécile qui a partagé ma chambre pendant trois semaines et m’a pourri la vie, quitte définitivement l’hôpital de semaine. Franchement, on a bien l’impression qu’il a été viré. Plus personne ne pouvait réellement le sentir.

Je vais raconter deux détails de notre vie (mais je pourrais y consacrer des pages et des pages de blog). Les deux ont un rapport avec ce qui a pu changer chez lui depuis qu’on vit dans la même chambre. Tout d’abord, je me promène souvent en sous-vêtements alors que lui était toujours soit habillé normalement soit en pyjama. Au bout de quelques jours, il a commencé à faire comme moi. Va savoir pourquoi. La première différence est qu’il a un slip et un maillot de corps blancs alors que j’ai toujours un caleçon ou un boxer et un vrai tee-shirt. La deuxième est que je dors dans cette tenue alors que, comme je le disais, il a un « vêtement de nuit » (donc pour se mettre en sous-vêtements, il est obligé de se « changer » alors que, chez moi, c’est plus, heu…, naturel). La troisième est que dès la fin du petit déjeuner je mets un pantalon ou un short et je ne l’enlève (à part pour la douche) qu’au moment de me coucher. Seul un type qui loge dans la même chambre que moi peut me voir en petite tenue. C’est donc mon coloc et, parfois, une infirmière qui vient déposer des médicaments ou la femme de ménage qui vient pendant le petit déjeuner.

Donc voila, nous avons un type qui a commencé à trouver normal de ne pas être totalement habillé. Par exemple, il rentre du sport et se met en slip pour « se détendre ».

Le deuxième est qu’à force de me fréquenter, il est devenu poli. Quand je suis arrivé, il ne disait jamais merci aux gens qui passaient par là, déposer un plateau repas, faire des lits… Moi, j’ai toujours la bonne formule, bonjour, merci, bonne journée… Il a commencé à faire pareil ce qui m’amusait surtout que son vocabulaire manque d’entrainement. Par exemple, pour le petit déjeuner, je demande un café au lait. Il demande un café noir et ajoute systématiquement (réellement, hein, ça ne s’invente pas) : « et le sucre vous pouvez le garder ».

Moi, j’ai vite compris que les plateaux étaient préparés à l’avance avec une étiquette avec ce à quoi le patient à droit, selon son régime alimentaire. Il y avait juste un bol vide rempli au moment du service. Il n’a pas réussi à se mettre ça dans le crâne. Donc, le sucre est là. Point. Donc son « et le sucre vous pouvez le garder » est totalement inutile (et chiant, dans la pratique, il faudrait qu’elles l’enlèvent du plateau) et sonne comme « et le sucre, vous pouvez vous le mettre au cul ».

Une dernière dans la même ligne : tous les midis, juste après avoir servi le déjeuner, une aide-soignante passe pour demander si on veut un café ou un thé. Ma réponse est généralement « oui, un café s’il vous plait, sans sucre. » Lui : « non, mais je veux bien un jus d’orange ». Ca a duré trois semaines : il n’a pas compris qu’on ne distribuait pas de jus d’orange à 12h30.

 

Pendant ces trois semaines, je vous ai raconté certaines anecdotes et vous aurez compris qu’il est exaspérant. Par exemple, il pisse toujours debout la porte ouverte en visant le centre du bac, de manière à faire un maximum de bruit. Le problème est qu’il y va toujours un peu après que le déjeuner soit servi et que ma table est juste à côté de la porte. Je peux vous dire que j’ai toujours eu l’écho en mangeant mes carottes râpées ! J’ajoute qu’il commence toujours par tirer la chasse avant de pisser et recommence un fois ou deux après. C’est horripilant. Une fois, il m’a engueulé parce que je ne tirais pas toujours la chasse après avoir uriné (je plaide coupable, c’est une vieille habitude que j’ai, dans « mes chiottes », pour éviter le bruit et pour économiser l’eau). Une fois, il m’a expliqué que cela puait trop. De la part d’un type qui a toujours de la bouffe qui provient de chez lui, surtout des condiments, comme le vinaigre (ça pue, tout de même), ça m’avait aussi exaspéré… Dès fois, dans la journée, il va vers les toilettes et ouvre la porte, ou la ferme, ou les deux. Je n’ai pas compris. D’autres fois, c’est vers la porte d’entrée de la chambre qu’il va. Il se met devant puis fait demi-tour. Ou va dans le couloir et revient deux minutes après. J’ai bien une hypothèse (c’est une solution pour se rapprocher de moi et voir ce que je fais mais, en fin de compte, je me demande s’il n’est pas tout simplement fou).

Pendant les repas, j’ai souvent fini de manger avant qu’il ait commencé à manger son plat. Certes, je mange vite… Mais il se lève plusieurs fois, va jusqu’à la petite table où il range ses affaires et prend quelque chose ou vient voir ce que j’ai dans mon assiette. Je ne sais pas. Ceux qui me connaissent savent, par ailleurs, que j’aime bien faire la sieste dès la fin du repas. Quand je mange seul, au restaurant, il m’arrive de faire un roupillon, sur place. Dans la chambre, je ne peux pas : je ne supporte plus ses petits bruits de mastication, ses odeurs… Il faut que je sorte et aille fumer une cigarette et marcher un peu pendant un bon quart d’heure pour oublier le laisser se calmer.

Quand on est dans des salles d’exercice (vélo, gymnastique, musculation), il lui arrive d’entrer (on n’est pas dans le même groupe), de faire un vague tour et de ressortir (je ne suis pas le seul que ça énerve…).

Vous comprenez le nombre de pages que je pourrais remplir. Le fait qu’il pète souvent, par exemple (tout le monde pète mais on le fait sans bruit… et sans odeur), y compris en pissant… Je ne l’ai jamais vu sortir de la chambre avec une serviette pour aller prendre une douche. Je ne l’ai jamais vu assez longtemps dans les toilettes pour chier. Je n’ai entendu qu’une seule fois sa brosse à dents électrique (je m’en fous, je ne suis pas un virtuose de l’hygiène dentaire, c’est presque amusant, c’est l’absence de bruit qui me gênait…).

 

Enfin, il a un défaut avoué à l’avance, quant à lui. Toutes les nuits, vers 4 ou 5 heures, il se réveille avec la bouche très sèche et est obligé d’aller faire des gargarismes dans la salle de bain, pendant une dizaine de minutes. Dès le premier jour, il avait présenté ses excuses et je dois avouer que, au bout de deux bonnes semaines (sur trois), je m’étais habitués, ça ne me dérangeait plus. Pourtant, il faut reconnaitre que c’est un bruit immonde. Dix minutes de gargarimes…

Les trois premiers soirs, je lui ai demandé de couper sa télé. La première fois à 22h30, le lendemain à 23h et encore plus tard le troisième jour. Je lui ai expliqué que les changements de luminosité, dans la pièce, m’empêchaient de dormir. Il n’a pas compris.

Terminons bientôt cette introduction et revenons aux toilettes. Plusieurs fois par nuit, il se lève pour pisser. Il ouvre la porte des toilettes, allume la lumière, ferme la porte (de nuit, j’ai dit, la journée elle reste ouverte) et se met à l’ouvrage. Pour ma part, quand j’allais pisser, je fermais la porte avant d’allumer…

Un mot pour les multiples conseils qu’il me donne. Comme aller en salle de repos lire les plaquettes avec les conseils alimentaires (où il est bien indiqué qu’il faut éviter tout complément alimentaire : je ne suis pas sûr qu’il sache lire). Comme au sujet de mon addiction à l’iPhone (je vais y revenir). Comme la nécessité de marcher « car le vélo qu’il nous font faire ne sert à rien ». Comme la nécessité, pendant ce vélo, de ne pas pédaler trop vite afin de ne pas augmenter le rythme cardiaque (je me demande bien pourquoi on en fait…).

 

Ce matin, j’ai craqué deux fois, pour la première fois. Revenons à hier. Je ne sais pas où je vous avais laissé et ce que j’avais raconté. Toujours est-il qu’il avait fermé les volets pour faire la sieste après déjeuner vu qu’il n’avait pas dormi pendant la nuit (me faisant endosser la responsabilité alors que je m’étais endormi après 23h30 et réveillé par le passage des infirmières à 6 heures, sans compter ses mictions). Je suis donc aller faire ma pause dans une pièce « de repos » (d’où j’ai rédigé mon billet de blog). Ensuite, comme tous les jours vers 16h30, je suis allé dans le préau du bâtiment d’en face (là où j’avais discuté avec des visiteurs). C’est le seul endroit abrité avec des bancs que je connaisse. J’y reste souvent jusqu’à 18h, pour recevoir, ensuite, les infirmières (et ma piqûre !). Je bois des boissons fraiches achetées au distributeur (de l’Orangina, s’il y en a).

Hier, à 16h45, il est sorti de ce bâtiment. Je ne sais ni ce qu’il y foutait ni comment il y et entré (une porte de derrière ?). Je ne vois qu’une seule solution : me surprendre ou m’espionner… Notre séparation étant pour aujourd’hui, j’ai choisi d’ignorer.

 

Ce matin, il va pisser vers 6h. Lumière allumée. Nicolas réveillé (pas grave, à l’hôpital, c’est un peu l’heure). Je décide au bout de cinq minutes de passer aux toilettes en respectant mes habitudes (lumière allumée uniquement lorsque la porte est fermée). Au moment où je rentre, il me dit (pour la première fois) : « vous pouvez fermer la porte ? » Je demande pourquoi. Il me répond que la VMC fait du bruit et que ça l’empêche de dormir. J’ai alors répondu « mais vous avez décidé de me faire chier jusqu’au bout ? »

Je ne sais pas s’il m’a entendu.

Plus tard, après le petit déjeuner, je sors mais je reviens rapidement car j’avais oublié mon iPhone sur mon lit où il aurait pu être volé. Je m’allonge donc et commence à jouer avec puis, pas à l’aise, je m’assois sur le lit. Je ne sais pas pourquoi, il est venu voir ce que je faisais. Il a dit « Ah, des jeux vidéos ». « Ben oui ». « Je me rappelle, j’ai eu une vraie addiction, je vais vous raconter. » J’ai alors gueulé : « je m’en fous ! ». Les addictions d’un pareil débile, je m’en carre réellement.

 

Voilà, j’ai craqué…

 

Le pire est que quand je suis rentré du sport, vers midi, il était allongé sur son lit avait des infirmières et le cardiologue autour. Il avait fait une forte chute de tension. Je me suis mis à avoir peur qu’ils ne le foutent pas dehors, comme prévu, mais qu’ils le gardent une semaine de plus.

Ils lui ont clairement fait comprendre que c’était hors de question et tout le monde semble sûr que ce n’était qu’une comédie car il avait peur de sortir…

 

En sortant, avec ma valise, j’ai croisé l’infirmière. Elle me dit « ça va Monsieur Jégou ? » Je réponds que « oui mais qu’on avait eu deux prises de tête le matin et que je n’en pouvais plus ». Elle m’a dit « soyez tranquille, c’est maintenant terminé ».

9 commentaires:

  1. ah on voit que le personnel ne l'appréciait pas du tout. Les pauvres parfois, faire avec, avec des sales cons comme ça , des égoïstes, de gens mal propres et des sales cons qui ne savent pas dire merci aux gens qui sont là pour les aider à résoudre un problème de santé qui n'est pas anodin.

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    1. Déjà qu'ils en chient avec une partie des gens normaux, les cons viennent s'y greffer, en effet !

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    2. voilà la moindre des choses c'est d'être poli avec tous ces personnels, comme tu le dis ils ont du déjà du mal à avec des gens mal en point . Chaque fois que je suis allé à l'hôpital j'ai fait attention à ne pas faire chier le personnel, même quand je suis sorti plus en avance que prévu une fois ^^^

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    3. Voilà. Toujours être poli. Partout.

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    4. (Pas toujours dans les blogs et les réseaux)

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  2. Tu aurais craqué avant que ça n'aurait pas été anormal. Les gens qui te parlent sans discontinuer, pour meubler, c'est insupportable.

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    1. Bah ! Il parlait beaucoup mais une fois lancé, seulement…

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