Pages

09 octobre 2024

Le trépident quotidien du gars en situation de réadaptation

 


Mon billet d’hier ayant été censuré par Facebook (sans doute à cause de l’illustration : un type en slip), certains auront loupé mes nouvelles du jour. Vous pouvez cliquer où il faut pour lire tout ça sachant que je dis que je vais bien malgré la panne de mon ascenseur mais j’ai mis le lundi à me remettre de mon week-end, pourtant digne d’un dromadaire, certainement peu tempérant pour autant. Et je parlais de mon coloc.

Certains – les mêmes ? – me demandent parfois comment je fais pour le supporter. On répondra que je prends mon mal en patience, que je ronge mon frein ou que je suis con comme une bite. Cette dernière hypothèse tient assez la rampe mais il faut nuancer. Il faut savoir que dans ce centre de rééducation, on entre dans une « routine absolue » que j’ai décidé de vous narrer, ce matin, pour rendre service… Même si « routine absolue » ne veut pas dire grand-chose d’autant que les horaires dépendent de l’activité du service.

 

Commençons par le matin et désolé pour cette énumération fastidieuse. Vous pouvez passer à la conclusion si je n’oublie pas d’en mettre une. Sinon, tant pis.

A partir de 6 heures, une gonzesse passe pour changer le broc d’eau. Parler de gonzesse n’a rien de péjoratif mais j’ignore toujours quelles sont les titres (infirmière, aide-soignante, femme de chambre, prostitué gériatologue…) des passantes. D’ailleurs, seul le cardiologue est un homme et heureusement qu’on ne va pas laisser des boulots sérieux à des gonzesses.

Dans les mêmes eaux, une gonzesse diplômée passe faire les prises de sang qui auront été demandées par le cardiologue, la veille.

A partir de 7 heures, un groupe de pouffe – tiens ! Il y a parfois un mec, un grand noir ; aussi bien il est homosexuel, ça compense, mais je ferai attention s’il doit faire ma toilette – passe prendre les constantes.

En même ou presque, une gonzesse passe refiler les médicaments. Avec moi, ça va vite. « Prenez ça et fermez votre gueule »  « oui cheffe ». Avec le coloc, ça prend des plombes, il veut savoir à quoi sert tel ou tel médicament, parfois il a perdu son pilulier mais il refuse de recevoir des médicaments s’il n’en a pas (alors que les médocs sont refilés à chaque repas…). Ce rituel est le même à chaque fois qu’on doit bouffer (je n’ai pas de médicament le midi).

A partir de 8 heures, le petit déjeuner est servi et une gonzesse passe pour faire la chambre (oui, il arrive qu’elle se pointe avant si bien que le ménage commence alors que nous sommes au lit). Cela « sonne » l’heure du lever.

Dès le café bu, le jus d’orange avalé, les tartines gloutonnées, je vais faire un tour près de la porte à côté de la cafétaria. Ce rituel du tour a lieu à chaque repas (ceux qui me connaissent seront surpris que je ne fasse pas la sieste mais le coloc met des plombes à grailler et je ne supporte pas ses bruits de mastication).

 

A mon retour, je me repose vaguement et je fais ma toilette. Je ne sais pas quand le coloc fait la sienne. Dans notre grande charité, on va dire que c’est plus tard (à partir de 14h30) mais je me demande, en fait, s’il se lave…

A 10h, ce dernier va faire sa première séance de sport pendant 45 minutes. Il revient puis repart 15 minutes plus tard pour la deuxième. Pour ma part, c’est à 11h que je descends à la salle d’attente avant la séance de vélo avec mon groupe (toujours les mêmes, on commence sérieusement à papoter).

Avant 11h, le cardiologue passe. Si j’ai de la chance, je suis présent quand il cause à l’autre abruti. Je n’ai pas beaucoup parlé du cadiologue mais ça viendra : il est très sympathique.

A 12 heures, je suis libéré. Je vais faire un rapide tour dehors le temps de récupérer puis je monte bouffer (vous connaissez la routine : livraison des médicaments, des repas, petit tour dehors en attendant le silence dans la chambre puis sieste). Un café est livré avec le repas (ou un peu après s’ils n’ont pas le temps).

 

A 14h15, je descends dans la salle d’attente pour la gymnastique puis la musculation. Cela se termine à 15h20. Je vais alors prendre un café (la machine est à l’opposé par rapport à la cafét…) et marcher un peu, le temps de se remettre (de « détranspirer »). En remontant, vers 15h45, je passe au bureau des infirmières pour qu’elles me prennent mes « constantes ».

Petit moment de repos (c’est souvent là que je fais mon blogage) puis longue pose devant le bâtiment d’en face (où j’étais en première semaine) qui dispose non seulement d’un préau mais aussi d’un distributeur de jus de fruits. Pendant mes pauses (celle-ci mais aussi celle du matin, il m’arrive de me promener un peu mais je dois avouer une certaine fatigue avec tout le sport).

 

Retour à la casbah à 18 heures pour les médicaments (il faut que je sois là pour recevoir les anticoagulants par piqûre). Dîner servi à partir de 19h. Parfois je vais faire un tour après (les mastications…). Couché de bonne heure (sans dormir). Passage des gonzesses vers 21h30 pour les constantes.

Vers 23h, j’engueule le coloc pour qu’il éteigne sa télé…

 

En illustration de ce billet, une photo « Google Map ». Vous y trouverez plein de bâtiment allongés et parallèles. Celui avec un toit blanc est celui où j’étais la première semaine (c’est cette baraque qui a un préau où je fais les pauses de l’après-midi). Je suis maintenant dans celui tout juste à droite. En bas de celui-ci, dans le prolongement, il y a un bosquet où se trouve la cafétaria (mais les machines à café ailleurs sont aussi bien… vu qu’elle a des horaires réduits).

Tous les bâtiments semblent préfabriqués et le tout ressemble un camp militaire (de province).

Si je vous montre cette photo, c’est pour montrer les espaces verts. Partout, il y a des bancs où l’on peut se poser. Un vrai centre de vacances…

 

 

 

6 commentaires:

  1. C'est la différence avec un camp militaire : les espaces verts et les bancs. On découvre une nouvelle horreur sur le coloc : il ne se lave pas .

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je n'ai pas dit qu'il ne se lavait pas mais que je ne savais pas quand il faisait sa toilette. Je ne suis pas toujours dans la chambre, notamment au moment où il sort de sa dernière séance de sport de la journée (je suis moi-même sur le vélo, à cette heure). J'ai toutefois un gros doute.

      Supprimer
  2. Votre voisin mastiqueur m'a rappelé la très vieille blague du paysan devenu vitrier : « Ma femme voulait plus que je laboure, alors je mastique. »

    Ce sera tout pour aujourd'hui : pouvez aller vous recoucher…

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Elle très bonne, je la garde pour un usage ultérieur.

      Supprimer
    2. Entre un commentateur qui exige régulièrement que je fasse des billets pour avoir des nouvelles et qui commente n'importe quoi et un autre qui comment le n'importe quoi, je suis mal barré.

      Supprimer

La modération des commentaires est activée. Soyez patients !